L’INFO. Il était Premier ministre du Luxembourg depuis 18 ans. Jean-Claude Juncker, le doyen des dirigeants européens, a annoncé mercredi qu’il remettrait jeudi matin sa démission au chef de l’État, le Grand-duc Henri. Empêtré dans un scandale lié aux services de renseignement, il a fini par perdre le soutien de ses alliés socialistes, qui réclamaient la dissolution de la Chambre des députés.
Écoutes, fichage et malversations. Les malheurs de Jean-Claude Juncker remontent à la création, en décembre 2012, d’une commission d’enquête parlementaire sur le service du renseignement luxembourgeois (SREL). Cette commission a été lancée après la révélation d’une écoute menée par l’ancien chef du SREL lors d’un entretien avec le Premier ministre, dans le bureau de ce dernier. Placé sous l’autorité du Premier ministre, le SREL est également accusé d’avoir fiché la population et les entreprises. Un autre volet de l'accusation concerne encore des malversations, comme des reventes de voitures de luxe achetées à bas prix.
Des conclusions sévères pour Juncker. La commission d’enquête parlementaire a conclu que Jean-Claude Juncker, "en tant que supérieur hiérarchique du service de renseignement" n’avait "aucune emprise sur son service". Il a en plus "trop souvent omis d’informer la commission de contrôle parlementaire, voire le Parquet sur les irrégularités, aberrations et illégalités des opérations entreprises par le service", note la commission.
"Pas d’autre choix". Mercredi, Jean-Claude Juncker s’est défendu sur sa gestion du SREL devant les députés, qui débattaient des conclusions de la commission. "Si je transpire, ce n’est pas parce que j’ai peur, mais parce qu’il fait chaud !", a-t-il lancé avec humour aux élus, récusant toutes les accusations. Mais la motion de censure déposée quelques heures plus tard par les socialistes lui a finalement été fatale. Ses anciens alliés demandent la dissolution de la Chambre des députés et l’organisation d’élections anticipées dans les trois mois. "Je convoque un conseil de gouvernement demain à 10 heures et je présenterai la démission du gouvernement au Grand-duc", a réagi Jean-Claude Juncker, expliquant qu’il n’y avait "pas d’autre choix".