Malaise dans les prisons californiennes

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Quelque 29.000 détenus ont entamé une grève de la faim. Ils dénoncent leurs conditions de détention.

L’INFO. C’est un mouvement sans précédent dans les prisons californiennes. Environ 29.000 détenus de cet État américain ont entamé une grève de la faim depuis lundi pour protester contre leurs conditions de détention, rapporte le New York Times. Les prisonniers dénoncent, entre autres, le placement à l’isolement abusif de certains prisonniers. L’administration pénitentiaire californienne est décidément sur la sellette, quelques jours après la publication d’un rapport sur des stérilisations forcées dans des établissements pour femmes.

A l’isolement pendant des dizaines d’années. Tout est parti d’un petit groupe de prisonniers de Pelican Bay, au nord de l’État. En Californie, si un détenu est soupçonné d’avoir des liens avec des gangs de prisonniers, il peut être placé à l’isolement indéfiniment. Certains subissent ce traitement pendant des décennies, explique le L.A. Times. Le mouvement s’est propagé à tout l’État et les deux-tiers des 33 prisons de Californie sont désormais concernées. En plus de leur grève de la faim, quelques milliers de prisonniers refusent aussi de travailler.

Des revendications variées. Les prisonniers californiens réclament donc que le placement à l’isolation soit limité à cinq ans. Ils veulent aussi des programmes de réhabilitation et d’éducation, ainsi que le droit à un coup de téléphone par mois. Peu à peu, les détenus des autres établissements ont ajouté leurs propres revendications, rassemblées sur un site créé spécialement.

Prison Californie 460 REUTERS

Une grève de la faim en 2011. Les détenus californiens avaient déjà tenté de se faire entendre en faisant la grève de la faim pendant quelques semaines, en 2011. Environ 6.000 prisonniers avaient participé, selon les chiffres officiels. Mais cette fois, si le mouvement se poursuit, il pourrait s’agir du plus important de l’histoire de la Californie. Et les autorités se préparent à une grève qui devrait durer. En 2011, les grévistes s’étaient arrêtés après avoir reçu des promesses de la part de l’administration, explique un avocat spécialisé au quotidien new-yorkais pour qui les détenus "ne referont pas la même chose, car deux ans plus tard, les réformes ne se sont pas matérialisées".

Une administration dans la tourmente. Pour le département californien des Corrections et de la réinsertion, cette grève de la faim tombe à un très mauvais moment. La Californie, épinglée par la Cour suprême en 2011 pour sa surpopulation carcérale, a été montrée du doigt par un juge fédéral en mai car une forme dangereuse de fièvre du désert s’était propagée dans deux prisons. Et lundi, c’est l’ONG Center for Investigative Reporting qui a révélé des cas de stérilisations forcées sur une centaine de détenues entre 2006 et 2010, mettant les autorités encore un peu plus dans l’embarras.