Maintenant que les islamistes ont quitté la ville, la vie reprend doucement à Tombouctou, cette grande ville du nord du Mali. Les langues commencent à se délier chez les habitants. Derrière les murs d'une ancienne banque transformée en prison pour femmes, les islamistes ont pratiqué les pires tortures.
Violée pendant trois heures
Dans ce qui était un local à billets de 2m2, les islamistes enfermaient parfois jusqu’à douze femmes, simplement arrêtées parce qu'elles ne portaient pas le voile. Mais ce n’est pas le pire, confie Asahara, 20 ans. Cette jeune femme, arrêtée un jour de novembre alors qu’elle étend du linge, est traînée dans un bureau de la "banque" par des hommes armés, qui la violent pendant près de trois heures.
"Ils portaient des masques sur le visage et pointaient leur fusil sur ma tête", raconte-t-elle au micro d’Europe 1. "Ils m’ont dit : 'si tu cries, on te tue'", ajoute la jeune femme. Ils finissent par la relâcher, mais Asahara a besoin d’une intervention chirurgicale et passe deux semaines à l’hôpital.
Le cauchemar des femmes de Tombouctou
Pour cette Malienne, les hommes qui ont commis ces actes ne peuvent pas se dire musulmans. "Ce sont des gens criminels qui prétendaient faire ce que Dieu a dit", rapporte la jeune femme, qui souffre aujourd’hui de cette terrible expérience.
Depuis la reprise de la ville par les forces françaises et maliennes, et le départ des islamistes, Asahara tente de reprendre une vie normale. Mais elle passe chaque jour devant ce bâtiment devenu le cauchemar des femmes de Tombouctou.