Les islamistes armés qui occupent la ville de Tombouctou (nord-ouest du Mali), étaient en train d'y détruire dimanche à coups de pioche les derniers mausolées encore épargnés, a annoncé à l'AFP un chef islamiste de la ville, information confirmée par des témoins.
"Il ne va pas rester un seul mausolée à Tombouctou, Dieu n'aime pas ça, nous sommes en train de casser tous les mausolées cachés dans les quartiers", a déclaré Abou Dardar, un responsable d'Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), groupe islamiste armé qui occupe Tombouctou avec Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Mohamed Alfoul, qui se présente comme un membre d'Aqmi a Tombouctou, a de son côté justifié ces destructions en affirmant que tout ce qui ne relève pas de l'islam, "ce n'est pas bien, l'homme doit vénérer seulement Dieu".
Les destructions des mausolées de saints musulmans de Tombouctou, ville historique baptisée "la ville aux 333 saints", a été confirmée à l'AFP par des habitants. "J'ai vu les islamistes descendre d'une voiture près de la grande mosquée de Tombouctou. Derrière une maison, ils ont cassé un mausolée en criant Dieu est grand, Dieu est grand", a affirmé un témoin. Outre les cimetières et les mosquées, plusieurs ruelles et des habitations privées de la ville abritent également des mausolées, vénérés par la population.
En juillet et en octobre, les islamistes d'Ansar Dine et d'Aqmi, qui considèrent la vénération des saints comme "de l'idolâtrie", avaient suscité un tollé général en détruisant des mausolées en terre dans l'enceinte de la plus grande mosquée de la ville, classée patrimoine mondial en péril. Ils avaient récidivé en détruisant d'autres mausolées en octobre, à la veille d'une réunion internationale à Bamako sur l'envoi d'une force armée au Mali pour les chasser du Nord qu'ils occupent totalement depuis six mois avec un autre groupe islamiste, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao).
Cette fois-ci, les destructions ont été commises trois jours après l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution autorisant le déploiement, par étapes et sous condition, d'une force internationale pour reconquérir le nord du Mali, au mieux à partir de septembre 2013. Vendredi, les islamistes du Mujao qui occupent Gao (nord-est) y avaient amputé la main de deux voleurs présumés, promettant "bientôt" de nouvelles amputations.