Les habitants de la ville de Gao, dans le nord du Mali, ont empêché dimanche les islamistes qui contrôlent la ville d'appliquer la charia, la loi islamique, et de couper la main d'un voleur, selon plusieurs témoins sur place.
"Les islamistes n'ont pas pu couper la main du voleur. Très tôt dimanche, des centaines de jeunes ont pris d'assaut la place de l'Indépendance de Gao, située au centre ville, pour empêcher l'application de la sentence", a raconté un enseignant contacté par téléphone par l'AFP.
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Il avait volé des armes pour les revendre
Samedi soir, dans un communiqué diffusé sur des radios privées de Gao, les islamistes du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), avaient annoncé qu'ils couperaient dimanche la main d'un voleur en application de la charia.
"Ils n'ont pas pu amener le prisonnier sur la place de l'Indépendance. Les habitants de Gao ont occupé la place et refusé qu'on coupe la main du voleur", a confirmé le responsable d'une ONG basée à Gao.
"On ne va pas couper sa main devant nous"
Selon les recoupements de l'AFP, l'homme dont la main devait être coupée est une jeune recrue du Mujao qui avait volé des armes pour les revendre. Ce châtiment est une application rigoriste de la charia dans certains pays musulmans, notamment l'Arabie saoudite.
"Nous, on ne veut pas savoir ce qu'il a fait ce jeune, mais on ne va pas couper sa main devant nous. D'ailleurs les islamistes ont reculé. Et des civils maliens de la ville ont entonné l'hymne national du Mali, en signe de victoire ", a commenté un autre habitant de Gao.
C'est la première tentative de la part les islamistes qui occupent le nord du Mali de couper une main dans cette région où des couples illégitimes, des buveurs d'alcool, des fumeurs, ont été fouettés en public dans plusieurs villes.