L'Unesco a envoyé à Bamako une mission de protection du patrimoine, menacé par la rébellion dans le nord du pays, et espère faire de même en Syrie, a indiqué vendredi un haut responsable de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture.
La situation est "très, très inquiétante" au Mali, notamment à Tombouctou (au nord du pays) où la profanation d'un des 16 mausolées de la ville début mai a "ouvert une nouvelle phase particulièrement préoccupante", a expliqué à la presse Francesco Bandarin, sous-directeur général chargé de la culture. Une équipe de l'Unesco a entamé vendredi des discussions avec le gouvernement malien au sujet de la préservation des sites de Tombouctou et Gao. L'Unesco n'a cependant pas de contact direct avec les rebelles qui contrôlent Tombouctou et ne peut pas s'y rendre. La situation sur place "a empiré à partir de la mi-avril", a expliqué Francesco Bandarin, qui déplore des pillages et des destructions de manuscrits "difficiles à quantifier pour l'instant".
En Syrie, peu de dégâts ont été constatés mais l'inquiétude est venue surtout de l'occupation par l'armée de sites classés par l'Unesco tels le Krak des Chevaliers, Qalaat Salah El-Din (deux châteaux croisés) et la ville romaine de Palmyre. L'agence de l'ONU, qui coopère avec Interpol et les grandes maisons de commerce d'art, n'a pas constaté pour l'instant d'accroissement sensible du trafic en provenance de Syrie ou du Mali. Mais "cela prend généralement quelques mois", a noté Francesco Bandarin, précisant que le trafic des objets culturels était "une des principales industries criminelles", évaluée à six milliards de dollars par an.