>> L'info. Après la revendication par un groupe islamiste du rapt d'un Français au Nigeria, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a donné à La Croix des précisions sur l'intervention envisagée au Mali. Dans le nord de ce pays, une intervention militaire de la force africaine visant à chasser les islamistes armés pourra en effet "avoir lieu au premier semestre" 2013, avec le soutien de la France et des États-Unis.
• Un nouvel otage français. Le groupe islamiste Ansaru a revendiqué dimanche le rapt de l'ingénieur enlevé mercredi soir dans le nord du Nigeria. Ansaru est l'un de ces multiples groupuscules radicaux qui gravitent dans la mouvance d'Al-Qaïda. Son nom complet pourrait se traduire par "l'Avant-garde pour la protection des musulmans en Afrique noire". L'organisation est plutôt implantée sur la zone frontalière entre le nord-ouest du Nigeria et le nord du Bénin. L'année dernière, elle a déjà enlevé et exécuté un Britannique et un Italien.
• Une intervention décidée depuis longtemps. Ce n'est pas parce qu'un Français a été enlevé dans la région par un groupe islamiste que cette intervention est décidée. Au contraire, c'est bien parce que les enlèvements se sont multipliés ces dernières années qu'une intervention militaire est aujourd'hui envisagée. Dans cette vaste région incluant le sud de l'Algérie et de la Tunisie, le Mali, le Niger et la Mauritanie, une douzaine de Français ont été enlevés en cinq ans et huit sont toujours aux mains des islamistes. Cette immense zone désertique est difficile à contrôler et les forces d'Al-Qaïda y sont bien implantées depuis cinq ans. Leur présence a d'ailleurs conduit à l'annulation du Paris-Dakar en 2008, après l'assassinat d'une famille de touristes français en Mauritanie.
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• Quelle intervention ? La France aura un rôle de formation et de restructuration de l'armée malienne, qui sera consolidée par un contingent militaire de l'Union africaine. Cette force d'environ 2.500 hommes aura pour but, à terme, de libérer le nord du pays. Quand Jean-Yves Le Drian parle d'intervention au premier semestre 2013, il faut comprendre le déploiement d'une équipe de 400 militaires européens, 250 instructeurs et 150 soldats d'une force d'autoprotection, commandés par un général français.
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Trois implantations sont prévues pour la mission : un quartier général, à Bamako, et deux centres d'instruction, l'un à Ségou et l'autre à Mopti, où deux bataillons de l'armée malienne tourneront alternativement pour des périodes de formation de six à sept semaines. Ce déploiement devrait avoir lieu, si tout se passe comme prévu, au mois de février 2013. Dès le mois de mars, l'instruction des forces maliennes pourrait commencer. Objectif : former à l'été un socle de six bataillons, soit environ 3.000 hommes, qui pourraient être prêts à agir dès l'automne.