La mort d’un soldat jeudi près de Tessalit le rappelle tristement : au Mali, la guerre n’est pas terminée. Le légionnaire de 25 ans a été tué par une explosion, lors d’une mission de sécurité dans le nord du pays, à la frontière avec l’Algérie. C’est dans cette zone que les violences djihadistes connaissent une recrudescence depuis plusieurs semaines, et que l’armée française doit se réorganiser.
Le constat
Humanitaires enlevés et soldats blessés. Bien qu’affaiblis, les groupes islamistes demeurent en effet actifs dans le nord du Mali, où a été lancée l’opération française Serval en janvier 2013. Ces dernières semaines ont été émaillées d’incidents, comme le 8 février, quand cinq humanitaires maliens ont été capturés par un groupe terroriste, puis libérés le 17 avril, "lors d’une action des forces armées françaises", au nord de Tombouctou. Le 12 avril, un soldat français a été légèrement blessé près de Tessalit quand son véhicule a sauté sur un engin explosif. Dix jours plus tard, c’est un Casque bleu guinéen qui était blessé à son tour dans l’explosion d’un engin artisanal, quand son véhicule est passé près de l’aéroport de Kidal.
Des représailles contre les "informateurs". Il y a deux mois, des islamistes armés avaient débarqué sur un marché de Tombouctou, distribuant des tracts pour intimider les "informateurs et les indicateurs des forces étrangères". La menace a été mise à exécution : les groupes djihadistes ont en effet formé un commando qui a assassiné en onze mois une dizaine de personnes accusées d’être des informateurs de l’armée française ou de la rébellion touareg. Début mai, les islamistes ont ainsi tiré sur un certain Sidati Ag Baye, à Kidal. L’homme, soupçonné "de travailler pour l’ennemi", était "surveillé depuis une dizaine de jours à Kidal par Aqmi [Al-Qaïda au Maghreb Islamique] et le Mujao" (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest).
La stratégie
Une "autre phase" de l’opération Serval. Sur le terrain, l’armée française se réorganise pour faire face à ces groupes qui demeurent actifs. "L’opération Serval, qui avait permis au Mali de retrouver son unité, son intégrité territoriale, est terminée dans la phase qui a été celle de l’affrontement et du combat", a indiqué jeudi François Hollande. Cette opération engagée en janvier 2013 est donc entrée "dans une autre phase", a confirmé le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. "Nous sommes en train de nous réorganiser pour avoir une conception régionale du contre-terrorisme", a-t-il expliqué.
"Le temps qu’il faudra". Tandis qu’au Mali, "les forces des Nations unies sont là" et l’armée locale "se reconstitue", le rôle de la France est désormais "de poursuivre le contre-terrorisme" dans le pays mais aussi au-delà : 3.000 militaires français doivent être impliqués, dans le nord du Niger et au Tchad. D’après RFI, la base de Niamey devrait accueillir "les principaux moyens de renseignements", tandis que celle de Ndjamena "reste la principale base aérienne". Ces soldats resteront "le temps qu’il faudra", sans "date limite", dans cette "bande sahélo-saharienne" qui est une "zone de dangers, de trafics en tous genres", selon Jean-Yves Le Drian. Dans le nord du Mali, 1.000 hommes resteront postés comme prévu, "sur la durée", à Gao pour l’essentiel.
L'ACTU - Un soldat français tué au Mali en opération
LA QUESTION - Qui sont les islamistes du Mujao?
L'ACTU POUR LES NULS - Retour sur la guerre au Mali
FACT-CHECKING - L'opération Serval a-t-elle duré trop longtemps ?