L'homme se penche et soulève son fils, le plus petit, d'un bras. De son autre manche, il sort un moignon encore bandé. Issa, 39 ans, ancien manœuvre, est le dernier amputé du règne des islamistes. Il a été accusé de vouloir voler alors qu'il "réparait une voiture", raconte-t-il à l'un des envoyés spéciaux d'Europe 1.
Ce Malien de Gao a d'abord été jeté en prison, puis battu, et a fini, au bout de 21 jours, par être traîné sur la place principale de Gao. Son cauchemar remonte au 21 décembre dernier. "On m'a fait asseoir sur une chaise. Ils m'ont attaché les deux pieds et les deux mains. Ils ont pris un couteau et ils ont coupé ma main. J'ai tout vu. Ils étaient en train de couper. J'ai paniqué. J'ai crié : j'ai mal, j'ai mal ! C'était devant la population. Mais personne ne peut parler. Il n'y a personne qui ne peut rien dire", témoigne ce père de trois enfants.
Un acte de torture lors duquel Issa finira par s'évanouir. Lorsqu'il se réveille dans un lit d'hôpital, sa main est dans un sac plastique à côté de lui. Depuis ce Malien grand et maigre ne peut plus travailler. Sa femme l'aide pour se laver et s'habiller, a-t-il confié à Europe 1. Il ment à ces trois enfants lorsqu'ils lui demandent s'il souffre. Il a surtout envie de ne plus les voir pleurer.