Mandela : "je ne suis pas un saint"

Nelson Mandela s'est confié dans un livre intitulé Conversations avec moi-même.
Nelson Mandela s'est confié dans un livre intitulé Conversations avec moi-même. © REUTERS
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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
Dans un livre paru jeudi, Nelson Mandela retrace les grands moments de sa vie.

Conversations avec moi-même rassemble des enregistrements sonores, des lettres et des notes rédigées sur plusieurs décennies par celui qui est devenu en 1994 le premier président noir d'Afrique du Sud. Dans ce livre, sortie partout dans le monde jeudi et préfacé par Barack Obama, les lecteurs découvrentun homme ne souhaitant pas qu'on se souvienne de lui comme d'un saint.

"L'un des problèmes qui m'inquiétait profondément en prison, concernait la fausse image que j'avais sans le vouloir projetée dans le monde; on me considérait comme un saint", écrit-il, cité ce week-end par le journal sud-africain Sunday Times. "Je ne l'ai jamais été, même si l'on se réfère à la définition terre à terre selon laquelle un saint est un pécheur qui essaie de s'améliorer."

L'épreuve de la prison

Revenant sur son apprentissage de la vie, le prix Nobel de la paix 1993 raconte ses doutes, ses tâtonnements. "Dans ma jeunesse, j'ai combiné la faiblesse à l'absence de discernement d'un garçon de la campagne. Mes points de vue et mon expérience étaient surtout influencés par les événements qui se déroulaient dans la région où j'ai grandi et dans les établissements où j'ai étudié", écrit-il. "Je m'appuyais sur l'arrogance pour dissimuler mes lacunes."

D'autres extraits plus intimes évoquent la douleur de l'emprisonnement, née de son impuissance à soutenir sa femme, Winnie Mandela, et ses enfants. "J'ai l'impression que toutes les parties de mon corps, chair, sang, os et âme ne sont plus que de la bile, tant mon impuissance absolue à te venir en aide dans les moments terribles que tu traverses me rend amer", écrit-il dans une lettre à Winnie datée du 1er août 1970. En 1969, Winnie Mandela est aussi emprisonnée. Mandela écrit alors des mots poignants à ses filles, Zeni et Zindi, 9 ans et 10 ans, privées de leur mère et de leur père. Les lettres évoquent aussi ses relations parfois orageuses avec Winnie qui lui rappelle, un jour, qu'elle a dû élever, seule, leurs enfants. Ils divorceront après la libération de Nelson.

La correspondance fait aussi apparaître la détresse de Mandela à la mort de Thembi, l'aîné de ses deux fils, dans un accident de voiture en 1969. Il se verra refuser la permission de sortie de prison pour assister à ses obsèques.

Son combat contre l'apartheid

Certaines réflexions de l'ancien président sud-africain prennent aussi une résonance particulière en Afrique, où plusieurs pays connaissent une importante corruption. "Souvent, les révolutionnaires d'autrefois ont succombé à l'appât du gain, et se sont laissés prendre à la tentation de confisquer des ressources publiques pour leur enrichissement personnel", écrit-il, en octobre 1998. Et de poursuivre : "ils abandonnaient de fait les masses populaires et se rapprochaient des anciens oppresseurs, qui s'enrichissaient en spoliant sans pitié les plus pauvres parmi les plus pauvres."

Pour avoir combattu l'apartheid, Nelson Mandela aujourd'hui âgé de 92 ans, a été détenu 27 années dans les geôles sud-africaines. Libéré en 1990, il entame des négociations avec le régime blanc qui déboucheront sur son élection à la présidence en 1994. En 1999, il abandonne le pouvoir au terme de son premier et unique mandat et se retire définitivement de la scène publique en 2004. Désormais, il ne fait que de très rares apparitions en public.