Manil, un bébé algérien de 8 mois, est à la merci du moindre germe. Il souffre d’une grave pathologie qui le prive de défenses immunitaires. Une greffe de moelle osseuse de sa sœur pourrait lui sauver la vie. Mais faute d’accord financier entre la sécurité sociale algérienne et les hôpitaux français, Manil risque donc de ne pas pouvoir être opéré. Et de connaître le même sort que son grand frère Zakari, mort il y a deux ans de la même maladie.
En effet, l’opération est impossible en Algérie car les structures ne sont pas adaptées. Mais en France, plusieurs hôpitaux pourraient accueillir l’enfant. La sécurité sociale algérienne prend normalement en charge le coût de l’opération, environ 500.000 euros. Sauf qu’elle a accumulé les impayés dans l’Hexagone et ne répond même plus aux relances des établissements français qui veulent maintenant être payés d’avance.
Un simple "litige financier"
"La vie d’un enfant est suspendue à un litige financier", s’énerve Mouloud, le père de Manil, qui insiste sur l’urgence de la situation.
"Il faut absolument qu’on fasse cette opération" :
Son père doit rester à distance
Depuis que son fils est né, Mouloud n’a quasiment jamais pu le prendre dans ses bras ou l’embrasser. Car le bébé vit en isolement dans une pièce aseptisée de la maison et seule sa mère reste confinée avec lui. "Il est en train de vivre, de grandir, il a fait sa première dent il y a quelques jours. Il ne comprend pas pourquoi je ne le prends jamais dans mes bras", a confié Mouloud à Europe 1.
Son dernier espoir serait que les chefs d’Etat français et algérien interviennent. Pour cela, Mouloud a demandé à être reçu par Nicolas Sarkozy. " Retirer son enfant du tiroir de la morgue, moi personnellement je ne veux pas revivre ça", lance-t-il avant d’ajouter : "je veux que mon enfant m’enterre, et pas le contraire".
"L'établissement ne ferme la porte à personne"
Parmi les hôpitaux contactés par la famille de Manil, il y a celui de Strasbourg. Mais dans cet établissement, ce sont plusieurs dizaines de milliers d'euros qui n'ont pas été remboursés. "Nous ne pouvons pas nous engager à fonds perdus, dans un processus de soins long et extrêmement coûteux qui mettraient en péril les efforts de retour à l'équilibre budgétaire de l'établissement. L’Algérie n'honore plus ses engagements. La caisse nationale de sécurité sociale algérienne délivre des prises en charge pour ses affiliés et ne paye pas les factures lorsque nous les lui adressons", explique Véronique Lecomte-Carmier, directrice des admissions aux CHU de Strasbourg. Mais "l'établissement ne ferme la porte à personne", insiste-t-elle pourtant au micro d'Europe 1.
Les hôpitaux universitaires affirment qu'ils n'ont, à ce jour, reçu aucune demande officielle des autorités algériennes pour la prise en charge de Manil.