La personnalité. Elle a fait de son histoire personnelle un symbole pour servir la lutte en faveur du mariage homosexuel. A la mort de son épouse en 2009, Edith Windsor, une élégante veuve new-yorkaise de 83 ans, a dû payer d’importants droits de succession, qu’elle n’aurait pas eu à débourser si elle avait été mariée à un homme. Devant cette injustice, elle a saisi la Cour suprême américaine sur la loi fédérale de Défense du Mariage (DOMA). Les juges devraient se prononcer d’ici juin sur la question, ainsi que sur la loi interdisant le mariage gay en Californie, une décision qui pourrait bien s’avérer historique.
> ZOOM : Un débat très attendu aux États-Unis
Fiancées en 1967, mariées en 2007. Edith Windsor, surnommée "Edie" et brièvement mariée à un homme dans les années 60, ne peut évoquer son combat sans parler de Thea Spyer, sa compagne pendant quarante ans, raconte le site Buzzfeed. De la rencontre des deux femmes en 1963 dans un restaurant de New York est née une longue histoire d’amour à laquelle des documentaristes ont consacré un film. Edith et Théa décident de se fiancer en 1967. A l’époque, "les gays et les lesbiennes risquaient de perdre leurs familles, leurs amis et leur gagne-pain si leur orientation sexuelle venait à être connue", se souvient Edith Windsor, qui a travaillé pour IBM dans la programmation informatique. Les deux femmes ne se marient qu’en 2007, au Canada, où le mariage entre personnes du même sexe est autorisé.
La bande-annonce d’"Edie & Thea : a very long engagement", sorti en 2009 :
Une banale affaire de succession. Mais en 2009, Thea, atteinte d’une sclérose en plaques depuis des années, meurt. Parce que leur mariage au Canada n’est pas reconnu par la loi américaine, "Edie" doit alors s’acquitter de 363.000 dollars, soit 277.000 euros, de droits de succession pour pouvoir hériter de l’appartement de son épouse. Un impôt qu’elle n’aurait jamais eu à acquitter si Thea s’était appelée Theo, en clair, si elle avait été mariée à un homme, souligne amèrement ce petit bout de femme au cœur fragile.
Un costume d'égérie qu'elle assume. C’est ce qui a décidé Edith Windsor à porter son combat devant la Cour suprême. Evan Wolfson, de l’association Freedom to Marry, juge son histoire "irrésistible". Elle est en effet la candidate idéale pour incarner le combat pour le mariage gay : "Edie est parfaite pour se présenter devant la Cour suprême et devant le pays, avec son histoire forte et son beau sourire". Le 27 mars dernier, Edith Windsor est entendue par les "Sages" de Washington.
"Edie" Windsor après son audition à la Cour suprême (en anglais) :
A sa sortie, fla foule scande "Edie, Edie". L'octogénaire explique que pour elle, le mariage est "un mot magique". Et qu’après 40 ans à ne pas porter d’alliance pour ne pas révéler son homosexualité, elle trouve "incroyable" d’être désormais "une lesbienne revendiquée qui attaque les États-Unis d’Amérique".