Dix ans après l'avoir autorisé, nos voisins s'étonnent de la virulence du débat en France.
"Vu de Belgique, les choses paraissent surréalistes". En un tweet, voilà résumé le point de vue outre-Quiévrain sur le débat sur le mariage pour tous qui divise la France en deux. "Ici, c'est passé facilement", ajoute Marie Van Humbeeck, une Belge francophone sur le site de micro-blogging.
Un débat tranché fièrement il y a dix ans. Depuis 2003, homosexuels et lesbiennes ont le droit de se marier en Belgique, et peuvent adopter depuis 2006. D'ailleurs, le Premier ministre est homosexuel. Elio di Rupo a en effet été contraint d'effectuer son coming-out en 1996, dirige le pays depuis 2011. Sur Twitter, il s'est déclaré "fier de la modernité de notre pays où tous les couples ont le droit de se marier".
Chaque année, 5% des mariages en Belgique se font entre personnes du même sexe, comme le montre un tableau qui compile les données de la Directions générale statistique et information économique publié sur Internet.
Les conseils donnés aux Français. Voyant la polémique suscitée par ce débat en France, les Belges ne peuvent s'empêcher de donner quelques conseils à nous, leurs voisins. Ainsi, sur le site du Nouvel Obs, un Belge publie une tribune dans laquelle il invite les Français à venir "nous rendre visite avant d'être contre". "Les arguments que vous invoquez ne sont ni fondés, ni rationnels et sont souvent synonymes de mauvaise foi", juge Nicolas Van der Maren, qui se dit déçu de la France. "Hier, j'admirais la France, aujourd'hui moins", ajoute-t-il, concluant sa tribune en provocation : "Où est la France de mai 68 ? Où est la France progressiste ? Où est la France des droits de l'Homme ?".
Un vote qui "ne change pas le monde". S'agissant de commenter la "manif pour tous" de dimanche, Le Soir a cru y voir la "France solidaire des gays et des lesbiennes pour dire sa honte de voir la simple égalité des droits si douloureusement consacrés", et non pas "une communauté descendue dans la rue". Dans son édito, le quotidien flamand De Morgen félicite les hommes et femmes politiques qui vont trancher le débat à l'Assemblée et au Sénat, tout en les prévenant. "Les parlementaires qui renforcent les droits des homosexuels méritent tous les éloges à conditions qu'après le vote ils ne pensent pas avoir changé le monde", écrit le quotidien.