>> L'INFO. Elle n'est pas du tout convaincue par le "printemps arabe". Dans un entretien diffusé lundi par la chaîne syrienne pro-Assad "Sama TV", la présidente du Front national, Marine Le Pen a livré sa vision très pessimiste des révolutions et dénonce pêle-mêle "l'ingérence" étrangère occidentale, qatarie ou saoudienne.
• La Syrie, "la même chose qu'en Libye". Dans le dossier syrien, la patronne du FN n'hésite pas à faire le parallèle avec la France. "Nous nous battons en France pour la souveraineté du peuple français mais nous défendons également la liberté, la souveraineté et l'identité de tous les peuples du monde dont nous pensons qu'ils doivent garder la maîtrise de leur destin", fait-elle valoir en dénonçant le rôle des puissances occidentales dans le conflit syrien, comme dans le conflit libyen.
"J'ai pensé, dès le départ que c'était par la diplomatie que l'on pouvait tenter de trouver la voie du dialogue mais cela n'a pas été le cas. Les puissances occidentales ont fait la même chose qu'en Libye mais de manière secrète. La réalité, c'est que nous avons contribué à conseiller les rebelles syriens qui eux-mêmes ont été pris en main par les islamistes, que nous nous sommes servis de nos alliés qataris et saoudiens pour les armer et qu'aujourd'hui on est face à une guerre civile dont évidemment les populations sont les premières victimes", résume-t-elle.
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• "L'hiver islamiste". Les révolutions en Tunisie, Libye, Egypte n'ont pas accouché des progrès escomptés, selon Marine Le Pen. "Nous avions prévu que ces révolutions qui étaient au départ des révolutions sociales allaient être récupérées par les fondamentalistes islamiques et qu'au printemps arabe succéderait l'hiver islamiste", explique la leader frontiste. "Et je crois que ce risque s'est aussi réalisé à cause de l'aveuglement des pays occidentaux", déplore-t-elle.
• Une interview, dans quel cadre ? Marine Le Pen était interrogée par un journaliste indépendant dans son bureau au siège du Front national à Nanterre. Cet entretien devait à l'origine être repris par des chaînes libanaises, qui l'ont d'abord refusé. Il a été finalement diffusé lundi sur la chaîne "Sama TV" du groupe Ad Dounia (pro-gouvernemental), a précisé le Front national.
"Marine Le Pen savait dès le départ que cet entretien pouvait être diffusé sur une chaîne favorable au régime du président Assad. Elle ne l'a d'ailleurs pas critiqué contrairement aux rebelles. Je crois qu'elle voulait ainsi casser l'embargo médiatique sur la Syrie", a affirmé l'auteur de l'interview, Nader Allouche. La chaîne, quant à elle, s'est félicitée dans un communiqué qu'une personnalité politique occidentale ait accepté pour la première fois de parler à un média syrien.