L'INFO. Plus de 100 personnes ont été tuées samedi dans le village d'Izghe, dans l'État de Borno, dans le nord-est du Nigeria, par des hommes armés soupçonnés d'appartenir au groupe islamiste Boko Haram, a déclaré dimanche un élu de la région.
"Selon les informations que j'ai reçues jusqu'à présent d'Izghe, 106 personnes, dont une femme âgée, ont été tuées par les agresseurs, qui sont soupçonnés d'être des combattants de Boko Haram", a indiqué le sénateur Ali Ndume, un représentant de la région. Boko Haram dit combattre pour l'instauration d'un État islamiste dans le nord du Nigeria, une zone à dominante musulmane.
Un village chrétien visé. L'attaque a eu lieu samedi dans le village à majorité chrétienne d'Izghe, dans l'État de Borno, placé sous état d'urgence depuis mai 2013 par les autorités qui tentent de mettre fin à la rébellion islamiste. Celle-ci a fait des milliers de morts depuis 2009. "Soixante morts ont été enterrés et les autres doivent encore l'être", a déclaré le sénateur Ndume. "Les attaques (de Boko Haram) deviennent chaque jour plus fréquentes et plus meurtrières", a-t-il dit.
Le porte-parole de l'armée pour l'État de Borno, Mohammed Dole, a confirmé l'attaque mais a refusé de donner davantage de détails, arguant que la zone est sous la juridiction des forces opérationnelles internationales tchadiennes, nigérianes et nigériennes.
Des forces de sécurité absentes. Le chef du gouvernement de l'Etat de Borno, Maina Ularamu, a indiqué que les assaillants, soupçonnés d'êtres membres de Boko Haram, "ont pillé des commerces et des magasins de produits alimentaires, ont chargé leur butin dans des voitures appartenant aux habitants et ils ont fui dans la brousse". Un cultivateur, qui dit avoir échappé au massacre en passant par dessus la clôture de sa maison puis en rampant pendant 40 minutes, a raconté que les agresseurs étaient allés de porte à porte pour rechercher ceux qui se cachaient.
"Les agresseurs sont venus vers 21h30 dans six camions et sur plusieurs motos. Ils portaient des uniformes militaires", a déclaré ce témoin, Barnabas Idi. "Ils ont dit aux hommes de se rassembler dans un endroit, et ils ont commencé à les massacrer à coups de machettes", a-t-il déclaré. Selon ce témoin, il n'y avait pas de forces de sécurité dans le village quand les agresseurs sont arrivés.
Une vaste offensive de l'armée. Samedi, des centaines de villageois avaient déjà fui leur domicile pour se réfugier à Maiduguri, capitale de l'Etat, craignant un nouveau raid de Boko Haram après le massacre par le groupe islamiste de 43 personnes dans deux attaques séparées dans la région. L'armée nigériane poursuit une vaste offensive contre Boko Haram depuis mai dernier dans les États de Borno, d'Adamawa et Yobe, tous trois placés en état d'urgence dans le nord-est du Nigeria.
Mais les islamistes continuent leurs attaques et attentats, s'en prenant aux forces de sécurité, à la minorité chrétienne mais aussi aux milices d'auto-défense anti-Boko Haram formées par des habitants avec l'aide de l'armée. Le président Goodluck Jonathan a exprimé sa frustration devant la difficulté à combattre Boko Haram et a remplacé le mois dernier les chefs de son armée.
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