Plus de cinquante ans après, l’affaire n’est toujours pas close. Lors de sa visite en Algérie mercredi et jeudi, François Hollande a notamment prévu de se rendre place Maurice-Audin, en "hommage à la mémoire" du jeune homme arrêté en 1957 par les militaires français et jamais revu depuis. Les circonstances exactes de sa mort n’ont jamais été déterminées et Maurice Audin est devenu, au fil des années, une figure emblématique de la torture pendant la guerre d’Algérie.
C’est le 11 juin 1957 que Maurice Audin, 25 ans, est arrêté dans l’appartement d’Alger qu’il occupe avec sa femme, Josette, et leurs trois enfants. Le jeune homme, assistant de mathématiques à l’université d’Alger, est emmené par des parachutistes français. Son tort : avoir hébergé un responsable du Parti Communiste algérien, selon TV5.
La veuve de Maurice Audin raconte son arrestation :
Les autorités disent qu’il s’est enfui
Les autorités assurent à Josette Audin que son mari s’est enfui, dix jours après son arrestation, lors d’un transfert en jeep, une version qui ne la convainc pas. Un comité Audin est mis sur pied dès la fin de l’année 1957, avec le mathématicien Laurent Schwartz, le biologiste Luc Montagnier ou encore l’historien Pierre Vidal-Naquet. Ce dernier écrit un ouvrage sur le sujet, dans lequel il affirme que Maurice Audin a été étranglé par un parachutiste après avoir été torturé. Josette Audin dépose plainte contre X pour homicide, mais se heurte à un non-lieu.
En mars 2012, le Nouvel Observateur exhume de nouveaux éléments : Maurice Audin aurait été tué par erreur, à la place de l’ancien directeur du journal Alger Républicain, communiste et indépendantiste, Henri Alleg.
Une lettre à François Hollande
Depuis 1957, Josette Audin, aujourd’hui âgée de 81 ans, se bat sans relâche pour connaître la vérité sur la mort de son mari. Une lettre envoyée à Nicolas Sarkozy en 2007 ne lui a valu aucune réponse. En août, elle s’est fendue d’une nouvelle lettre, adressée à François Hollande, dans laquelle elle demande que "les historiens puissent avoir accès à toutes les archives de toutes les personnalités civiles et militaires françaises en charge du ‘maintien de l’ordre’ en Algérie".
Une interview de Josette Audin en 2001 :
Cette fois, elle a reçu une réponse. Josette Audin sera reçue le 1er février prochain par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Il devrait lui remettre "l’ensemble des archives et documents en sa possession" à propos de la libération de son mari.