McKeon, l'homme qui va juger DSK

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avec agences , modifié à

PORTRAIT - Douglas McKeon est partisan des règlements à l'amiable.

Cravate bleue, pantalon à fines rayures et bretelles noires, le juge Douglas McKeon parcourt les couloirs de la Cour suprême du Bronx depuis près de 20 ans. Elu à la tête de l'institution en 1989, il est administrateur pour les affaires civiles depuis 2011.

Dans son immense bureau, situé au 6e étage de la cour, Douglas McKeon, 63 ans, se prépare à l'audience de mercredi après-midi, qui marquera le début de la procédure civile intentée par la femme de chambre Nafissatou Diallo contre DSK, qu'elle accuse d'agression sexuelle.

Une décision rendue dans "plusieurs semaines"

Mercredi après-midi , il sera question de la motion des avocats de DSK pour que l'affaire soit classée, au motif que l'ancien directeur général du FMI était protégé par une immunité diplomatique le 14 mai 2011, jour où il affirme avoir eu une brève relation sexuelle avec la femme de chambre. Douglas McKeon entendra les deux parties et leur posera des questions. "Et dans les semaines suivantes, je rendrai ma décision par écrit", a-t-il affirmé.

Le magistrat a été chargé du dossier car il avait l'expérience des procédures civiles qui se déroulent en même temps que les procédures pénales, ce qui est, dit-il, assez "inhabituel".

McKeon, un "homme de conviction"

Derrière des piles de dossiers, où trône un livre de Bill Clinton dédicacé par l'ancien président, ce démocrate parle avec respect des jurés "qui donnent leur temps" pour cette tâche, insiste sur ce "partenariat de travail" unique entre le tribunal et la communauté où il est implanté. Homme de conviction, il parle avec passion du Bronx où il vit depuis toujours et d'un métier qu'il a "dans le sang", selon ses propres mots.

Enfant, cet Américain d'origine irlandaise, inspiré par John Kennedy, rêvait d'être avocat. Marchant dans les traces de son père, huissier dans le même tribunal, et qui lui a fait découvrir ce monde dès l'âge de 6 ans.

Les jurés du Bronx "plus généreux"

Les jurés du Bronx, souvent plus pauvres que la moyenne américaine, ont la réputation "d'être plus généreux dans les verdicts qu'ils rendent dans des affaires civiles", explique le juge. Mais selon lui, cette image est probablement dépassée, avec des Bronxites mieux éduqués que ne l'étaient leurs parents. En près de 25 ans, le juge a vu le quartier changer. Les blancs n'y sont plus que 11%, les noirs 30%, les hispaniques 53%. Et les pratiques judiciaires ont évolué.

Surtout, dans un tribunal qui croule sous les dossiers -27.000 pour 27 ou 28 juges- le juge McKeon est partisan des accords négociés, qui évitent le procès. "Nous n'avons pas les moyens de juger toutes ces affaires", dit-il. "Nous essayons donc d'obtenir un règlement amiable, dès le début, et jusqu'à la fin. Dans un procès civil, l'important c'est de créer les conditions d'un dialogue".

Selon lui, plus de 90% des dossiers se terminent ainsi par un accord financier. Et s'il devait décider de ne pas classer la plainte dans l'affaire DSK, il entend bien agir de la même façon. "Cette affaire ne fait pas exception. Nous ferons la même chose que pour n'importe quel autre dossier civil".