Au bord de l'asphyxie avec une dette abyssale de 1.900 milliards d'euros, l'Italie doit désormais montrer sa détermination à respecter ses engagements vis-à-vis de ses partenaires européens. Un mini-sommet réunissant à Strasbourg Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et Mario Monti, qui a débuté jeudi à la mi-journée, doit donc être l'occasion pour le nouveau chef du gouvernement italien de rassurer les leaders français et allemand des efforts de son pays sur ce point.
Selon les trois dirigeants européens, ce mini-sommet doit également permettre d'"accélérer" le plan de sauvetage de la zone euro, en mettant l'accent sur la discipline budgétaire de ses dix-sept membres pour éviter que la crise qui touche de plein fouet l'Italie, ou l'Espagne, ne se propage à l'ensemble de l'Union monétaire.
Les enjeux pour le duo franco-allemand
Mais côté français, l'objectif de cette rencontre est doublé par la volonté du président Sarkozy, à cinq mois de la présidentielle, de conserver le triple A du pays, qui lui permet de financer sa dette à moindre coût. La note est méritée, mais elle pourrait être menacée si la crise s'aggrave, a en effet prévenu mercredi l'agence de notation Fitch.
L'Allemagne, première puissance économique de l'UE, a elle aussi intérêt à ne pas laisser ses voisins, qui sont ses principaux partenaires commerciaux, dans le rouge, si elle veut sauvegarder sa croissance.
Réintégrer la cour des grands
Côté italien, cette rencontre est avant tout l'occasion pour le pays de réintégrer la cour des grands pays européens, après les ratés de l'ère Berlusconi. Mais alors que l'Italie doit démontrer sa capacité à tenir ses comptes, Mario Monti a déjà laissé planer le doute mardi sur un retour à l'équilibre des finances publiques italiennes pour 2013, compte tenu du ralentissement économique général.
Le mini-sommet de jeudi pourrait donc s'avérer tendu, d'autant que l'Italie n'a pas caché son agacement face au "petit directoire" franco-allemand, comme l'a qualifié mardi le sous-gouverneur de la Banque d'Italie Fabrizio Saccomanni. L'ancien vice-président de la Commission européenne est partisan d'une gestion des affaires de l'UE via la "méthode communautaire", plutôt que par un duo franco-allemand, fût-il ouvert à son pays.
Et alors que cette rencontre tripartite a été qualifiée de "rendez-vous important" par le Premier ministre François Fillon, son homologue italien a tenu à en relativiser la portée : c'est "une rencontre très informelle, de travail", qui n'a "pas d'ordre du jour" précis, a soutenu Mario Monti.
La BCE au cœur des discussions
A Strasbourg, les trois dirigeants devraient examiner les armes "anti-contagion" susceptibles de sortir la zone du marasme et donc de rassurer les marchés : rôle accru de la Banque centrale européenne (BCE), renforcement du Fonds de solidarité européen (FESF) ou encore la création d'euro-obligations, qui permettraient de mutualiser les dettes.
La pression sur l'Allemagne a redoublé ces derniers jours pour qu'elle accepte de voir la BCE acheter des emprunts d'Etat des pays fragiles, ce à quoi Berlin s'oppose de peur que cela n'attise l'inflation ou nuise à l'indépendance de l'institut monétaire.
Toutefois pour Paris, cette solution constitue le seul rempart crédible contre la propagation de la dette, d'autant que les décisions prises lors du sommet de la zone euro les 26 et 27 octobre pour renforcer le FESF se révèlent très complexes à mettre en œuvre et d'ores et déjà insuffisantes pour venir en aide à l'Italie.