Au lendemain du discours de Toulon II, signé Nicolas Sarkozy, sur la crise de la zone euro, Angela Merkel s’est à son tour longuement exprimé sur le sujet vendredi matin. La chancelière allemande, qui s’adressait aux députés au Bundestag, a plaidé pour plus de rigueur budgétaire au sein de la zone euro, un objectif sur le point d’être atteint, selon elle.
"Nous ne faisons pas que parler d'une union budgétaire, nous sommes sur le point de la réaliser", a-t-elle assuré, ajoutant qu'il s'agirait d'une "union budgétaire avec des règles strictes, au moins pour la zone euro". "L'élément central" de cette "union de la stabilité" voulue par l'Allemagne sera "un nouveau plafond d'endettement européen", a précisé Angela Merkel, qui a répété sa ferme intention de convaincre ses partenaires de la nécessité de changer les traités européens pour y ancrer plus de discipline budgétaire. "Il n'y a pas d'alternative à un changement des traités", a-t-elle martelé. "Les règles doivent être respectées", a-t-elle encore asséné. "Leur respect doit être contrôlé, leur non-respect doit être suivi d'effet".
La crise, un marathon
Pour autant, malgré son optimisme, Angela Merkel s’attend à ce que la crise dure. "La résolution de la crise de la dette souveraine est un processus qui prendra des années", a-t-elle dit devant le Bundestag, à une semaine d'un conseil européen qui sera dominé par les réponses institutionnelles à la crise de la dette dans la zone euro. "Les marathoniens disent souvent que la course devient réellement difficile à partir du 35e kilomètre, mais ils disent aussi qu'il est possible d'atteindre la ligne d'arrivée si l'on est conscient de la difficulté dès le départ."
Par ailleurs, Angela Merkel a catégoriquement rejeté les "euro-obligations" " communes à tous les pays de la zone euro comme remède à la crise qui embrase la zone euro. "Quiconque n'a pas compris, que les euro-obligations ne pouvaient pas être la solution à cette crise n'a pas compris la nature de la crise", a-t-elle lancé.
C'est donc bien décidée à défendre ses positions qu'Angela Merkel se déplacera à Paris lundi prochain, puis à Bruxelles les 8 et 9 décembre. D'ici ce sommet européen, Paix et Berlin devront avoir aplani leurs différends, notamment sur le rôle de la BCE. L'Allemagne s'est jusqu'à maintenant catégoriquement opposée à une intervention plus poussée de la BCE, et la chancelière n'a pas dévié de cette position vendredi. "C'est gravé dans les traités, le devoir (de la BCE) est d'assurer la stabilité de la monnaie", a-t-elle dit, recueillant les applaudissements de son auditoire.