La discussion continue entre Paris et Bruxelles. Alors que le ministre de la Justice, Michel Mercier l'a dit et redit publiquement : la France ne souhaite pas accueillir l'ex-femme de Marc Dutroux, Michelle Martin, le ministre belge de la Justice, Stefaan De Clerck, espérait toujours jeudi parvenir à le convaincre.
"J'ai pris contact avec lui (Michel Mercier) pour lui soumettre le dossier. Il a pris position sans avoir reçu le dossier, donc je lui ai demandé de l'étudier", a déclaré à la radio Bel-RTL Stefaan De Clerck. "J'espère que la coopération et les bonnes relations entre la France et la Belgique nous amèneront à cette exécution en France d'un jugement belge", a-t-il précisé dans le journal belge Le Soir. Le ministre belge a toutefois dit "bien comprendre la France, ainsi que les familles" des victimes.
Michelle Martin doit sortir de prison dans les semaines qui viennent grâce à un plan de réinsertion qui passait par un séjour dans un monastère français. Mais l'ancienne épouse du pédophile est persona non grata sur le sol français.
Un refus précipité aux yeux du gouvernement belge
Le ministre belge de la justice, Stefaan De Clerck, avait fait part mardi de son incompréhension. "Je suis un peu surpris d’entendre la position de mon collègue parce que le dossier n’est pas encore envoyé", avait-il réagi, considérant qu’il s’agit "d'une position plutôt personnelle de Michel Mercier".
Et Stefaan De Clerck de poursuivre : "c’est une décision d’un tribunal belge, bien motivé. Mieux vaut d’abord étudier le dossier et puis prendre une position. Donc j’espère pouvoir convaincre mon collègue du bien-fondé du dossier".
"La France n’est pas la poubelle de la Belgique"
Du côté des familles des victimes, on hésite entre soulagement et écœurement face à cette succession de coups de théâtre. "Le ministre de la Justice n’en veut pas et cela je veux bien le comprendre parce que, quand même, la France ne peut pas être la poubelle de la Belgique", a ainsi réagi Jean-Denis Lejeune, le père de Julie, une des victimes de Marc Dutroux.
"C’est surtout éprouvants ces coups de théâtre, parce que le tribunal d’application des peines a pris, selon moi, une décision prématurée. Donc rien n’est solutionné, simplement, sa libération est, à mon avis, légèrement retardée", a-t-il ajouté.
Un manque flagrant de préparation
Sur les sites Internet des médias Le Soir, La Libre Belgique ou encore sur celui de la RTBF, les commentaires sont quasi-unanimes. Les internautes belges applaudissent le choix de la France et regrettent "le ridicule" de la proposition belge. D’autres, plus austères, y voient même une "façon de se soustraire à la justice belge".
Le ministre belge a par d’ailleurs été critiqué par des familles de victimes et par le parti vert francophone Ecolo pour ne pas s'être préalablement assuré que les autorités françaises donneraient leur feu vert à un projet qui ne pouvait que susciter la polémique.
Son accueil dans un établissement français étant la condition sine qua non de sa libération, Michelle Martin reste donc en prison, au moins provisoirement. Elle devra proposer à la justice belge un tout nouveau plan de réinsertion.