Il est accusé d'avoir versé des pots-de-vin pour obtenir de faux témoignages. C'est en tout cas la conviction du parquet de Milan qui a requis une peine de cinq ans de prison contre l'ex-chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, accusé de corruption de témoin dans l'affaire Mills. "Nous avons la certitude, au-delà de tout doute raisonnable, que l'accusé est coupable", a martelé le procureur Fabio De Pasquale.
David Mills n'est autre que son ancien avocat britannique. Selon le parquet, le Cavaliere lui aurait versé près de 600.000 dollars afin d'obtenir de faux témoignages en sa faveur dans divers procès datant des années 90.
La récusation du tribunal
Plusieurs questions restent cependant encore en suspens dans ce procès dont l'issue reste incertaine. Premièrement, la défense de Silvio Berlusconi a demandé fin janvier la récusation du tribunal de Milan chargé de juger cette affaire. Les avocats du Cavaliere ont accusé le tribunal d'avoir éliminé un grand nombre des témoins qu'ils voulaient appeler à la barre et d'avoir, en substance, prononcé "un verdict anticipé" de culpabilité de leur client avant même la fin du procès. La demande de récusation sera examinée le 18 février par la Cour d'appel de Milan.
La deuxième question importante est la date de prescription du délit reproché à Silvio Berlusconi. La défense et le parquet s'affrontent sur la date exacte à partir de laquelle les faits reprochés à Silvio Berlusconi seront prescrits. Il reviendra au tribunal, s'il n'est pas récusé par la Cour d'appel, de décider de la date de prescription.
Rubygate et écoutes téléphoniques
Cette nouvelle affaire tombe mal pour le Cavaliere, déjà impliqué dans plusieurs autres dossiers judiciaires, comme le "Rubygate". Mardi, la cour constitutionnelle a rejeté un recours parlementaire qui contestait la compétence du tribunal de Milan pour juger l'ex-chef du gouvernement italien poursuivi pour sollicitation de prostitués mineure et abus de pouvoir. Le procès pourra donc reprendre.
L'ancien homme fort de l'Italie devra également comparaître devant la justice milanaise le 15 mars pour son rôle dans la publication par des médias d'écoutes téléphoniques concernant une tentative de rachat de la banque BNL par l'assureur Unipol.
Il sera jugé pour "violation du secret de l'instruction", en raison de la publication fin 2005 par le journal de sa famille, Il Giornale, de retranscriptions de conversations couvertes par le secret de l'instruction. Celles-ci montraient une forte connivence entre un haut dirigeant de gauche et le patron de l'assureur Unipol dans sa tentative de prise de contrôle de la banque BNL.