Ratko Mladic a été arrêté jeudi, vers 6 heures du matin, à Lazarevo, un petit village à une centaine de kilomètres de Belgrade, la capitale serbe. Une arrestation qui met fin à une longue traque de la communauté internationale. Ratko Mladic, dernier grand criminel de guerre présumé recherché par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, a été inculpé par l’ONU le 24 juillet 1995 pour génocide.
Le massacre de Srebrenica. Le 11 juillet 1995, la Bosnie est en guerre depuis 3 ans : les Serbes refusent de n’être qu’une minorité dans le nouvel Etat indépendant. Les soldats serbes, sous les ordres de Ratko Mladic, pénètrent en quelques heures dans la ville hautement stratégique de Srebrenica. Huit mille habitants, tous des hommes, tous des musulmans, sont alors exécutés. C’est le pire massacre commis en Europe depuis la Seconde guerre mondiale.
Réfugié dans un souterrain, ou devenu apiculteur
L'ère Milosevic. A la fin de la guerre en 1996, Ratko Mladic, chantre du nationalisme serbe, est protégé en Serbie par le régime de Slobodan Milosevic. Malgré sa condamnation par la communauté internationale, le "boucher de Bosnie" parade dans les restaurants branchés de Belgrade.
Lorsque Slobodan Milosevic est renversé par la rue, en 2000, la procureure en chef du TPIY, Carla del Ponte, lance une campagne pour arrêter Mladic, ainsi que Karadzic. L’Otan lance également une campagne de recherches pour l’arrêter. Officiellement, Ratko Mladic perd alors la protection des autorités serbes. Il entre en clandestinité : on le dit tour à tour réfugié dans un souterrain sur une base militaire, ou même devenu apiculteur.
"10.000 hommes" le recherchaient en Serbie
La rupture Tadic. Mais, selon l’ambassadeur de Serbie en Belgique Radomir Diklic, interviewé par Europe 1, le criminel de guerre bénéficiait d'une "protection silencieuse de certains politiciens". D’après le diplomate, ce n'est que depuis l'arrivée au pouvoir du président serbe actuel, Boris Tadic, qu'un "effort énorme" a été fait pour rechercher Ratko Mladic.
Avant, les responsables le recherchaient "sans vouloir vraiment le trouver", a-t-il poursuivi. "Boris Tadic a purgé les services de renseignement, et les services secrets" à son arrivée à la tête de l'Etat, a-t-il ajouté. Quelque "10.000 hommes" étaient à ses trousses en Serbie, et le dénoncer rapportait "10 millions d’euros". Ratko Mladic aurait donc été "dénoncé", selon l’ambassadeur qui cite les médias serbes.