Sur internet, Antanas Mockus est partout. En plus de son propre site, le candidat à la présidentielle en Colombie a près de 700.000 fans sur Facebook. Et cet inconnu sur la scène internationale pèse plus de 40.000 abonnés sur Twitter, ce qui en fait la septième personnalité politique la plus populaire sur le site de micro-blogging au monde. L’analyse de Jacobo Grajales, chercheur au Centre d'Études et Recherches Internationales, interrogé par Europe1.fr.
Cette e-campagne est vraiment une révolution en Colombie ? Oui, c’est inédit. Un candidat ne s’était jamais autant investi auparavant sur les réseaux sociaux. Antanas Mockus a été le premier candidat en Colombie à considérer le web 2.0 comme une arène politique. Et il a réussi à imposer cette idée aux autres candidats qui se sont rendu compte qu’il y avait effectivement une ressource à exploiter.
Un buzz, et après ?
Mais internet permet-il de gagner des électeurs ? Non, cette campagne ne sert pas forcément à recruter de nouveaux électeurs. C’est ce qu’ont dit beaucoup d’observateurs mais je ne le crois pas personnellement. La Colombie n’est pas un pays où une grande partie de la population utilise internet. Ce n’est pas les Etats-Unis de Barack Obama, ce n’est pas la France.
Ce n’est donc qu’une façade ? Non, internet a eu un rôle très important pour Antanas Mockus qui n’avait pas un réseau très solide il y a quelques mois encore : ça lui a permis de trouver de nouveaux militants. Si vous avez envie de créer tout seul une cellule de campagne, vous pouvez. Ça a attiré des gens qui ne lisaient pas les pages politiques des journaux, des jeunes, des gens qui vont voter pour la première fois ou des sceptiques de la politique. C’est presque de l’autogestion. Et ça renforce l’idée que la politique de Mockus est nouvelle non seulement au niveau des idées mais aussi dans les actes.
Le buzz pourrait-il retomber comme un soufflet et entraîner dans sa chute Mockus ? Il y a effectivement un risque que dans les sondages, il y ait une surreprésentation des classes moyennes, des populations urbaines, qui sont celles qui utilisent le plus internet. Mais Antanas Mockus a fait une vraie percée : il a réussi à tripler son score en quelques semaines. Ça va être très serré.