Mohammad Assaf, idole des Palestiniens

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avec AFP , modifié à
VIDEO - Cet étoile montante de l’émission "Arab Idol" est la fierté des jeunes de Gaza.

Il est LA voix des palestiniens de Gaza. Chaque vendredi et samedi, jours de diffusion par la chaîne panarabe MBC à Beyrouth de l'émission Arab Idol, déclinaison d'un programme occidental, les prestations de Mohammad Assaf, 23 ans, retransmises sur écran géant, font vibrer l'assistance, en Cisjordanie comme dans la bande de Gaza.

"Il mérite de gagner", commente d'un air appréciateur May Ifranji, 19 ans, savourant un narguilé dans un restaurant de Gaza avec sa mère, Sana. "Sa voix est superbe et sa présence encore davantage, personne ne peut rivaliser avec lui". Eclipsés par les révolutions arabes, les Palestiniens retrouvent une source de fierté en suivant les succès de ce chanteur de Gaza.

La concurrence est pourtant rude, face à de jeunes chanteurs prometteurs venus de tout le monde arabe, y compris de Syrie en proie à la guerre civile. Mais après 16 sessions, Mohammad Assaf, résident de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, figure parmi les sept candidats encore en lice.

La voix des Palestiniens

A chaque prestation, le jeune homme, qui est né à Misrata, en Libye, où il a vécu jusqu'à l'âge de 5 ans, emprunte au répertoire patriotique palestinien, devant un public arborant des keffiehs et un jury manifestement conquis. Les Palestiniens se mobilisent sur les réseaux sociaux pour faire voter en faveur de leur candidat et une entreprise privée parraine une campagne d'affichage en ce sens dans les rues de Gaza.

Le père du chanteur, Jaber, ne cache pas sa fierté. "Son talent est extraordinaire et personne ne peut l'arrêter", estime-t-il. "Il donne le sourire aux gens et les unit, malgré la division", s'enthousiasme-t-il, en référence à la division entre Gaza et la Cisjordanie. "C'est lui l'idole des Arabes".

"S'il choisit de continuer dans la chanson, ce ne pourra pas être à Gaza, parce que la scène artistique ici est limitée", soupire-t-il néanmoins, déplorant le conservatisme régnant dans le territoire palestinien.

Selon la mère de Mohammad Assaf, Oum Chadi, "les jeunes de Gaza aiment la vie et veulent échapper à la pression, comme tous les jeunes dans le monde. Ils ne manquent ni de talent ni d'ambition, mais ils ont besoin de briser le cercle vicieux". "L'artiste, en particulier à Gaza, est brimé, et en l'occurrence ce n'est pas lié au régime du Hamas", précise cette enseignante dans une école pour réfugiés, "ici la politique domine tout".

Si le Hamas manifeste peu d'enthousiasme face au succès de l'enfant du pays qui s'illustre dans un registre fort peu islamique, l'Autorité palestinienne, qui gouverne les zones autonomes de Cisjordanie, ne lui ménage pas son appui moral.

Un coup de fil du président

Le président Mahmoud Abbas a téléphoné à Mohammad Assaf pour l'encourager, selon l'agence officielle Wafa, et son Premier ministre Salam Fayyad lui exprime son soutien sur sa page Facebook. "Gaza m'a pris ma voix mais rendu mon âme", avait déclaré en décembre le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, originaire de Cisjordanie, lors de sa première visite dans la bande de Gaza, qu'il avait qualifiée de "nouvelle naissance". Avec Mohammad Assaf, les Palestiniens espèrent bien avoir retrouvé leur voix.