Gérard Depardieu a fait le choix de s'installer en Russie et plus particulièrement en Mordovie, l'une des républiques qui forme la grande fédération du Caucase. A l'inverse, certains n'ont qu'une idée en tête : partir coûte que coûte. C'est le cas de Zara Mourtazalieva. Cette Tchétchène a passé huit ans et demi dans un camp de travail en Mordovie, à 500 km de la capitale, la région où sont actuellement retenues les "Pussy Riot".
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A vingt ans, alors qu'elle faisait des études à Moscou, elle est contrôlée par la police. Elle montre ses papiers d'identité et se retrouve accusée de terrorisme. En réalité, les forces de l'ordre avaient mis à tort des explosifs dans son sac. Il y a trois mois, Zara Mourtazalieva a été libérée. Elle est arrivée en France où elle demande aujourd'hui l'asile politique.
"On dit qu'il n'y a jamais de soleil"
Depuis sa petite chambre à Paris, elle a suivi à la télévision toutes les images de Gérard Depardieu, tout sourire sur le tarmac de l'aéroport de Saransk. Pour elle, la Mordovie, c'est celle des camps de travail, qui datent de l'ère stalinienne. Elle se souvient des journées passées à coudre des uniformes de sept heures du matin à minuit.
Alors imaginer Gérard Depardieu dans cette république la fait presque rire aujourd'hui. "J'ai du mal à croire que Gérard Depardieu aille vraiment s'installer là-bas. Une personne normale n'irait pas vivre là-bas. Lorsqu'on se réveille, on voit des camps, des grilles, des chiens, des hommes en uniforme... C'est un endroit oublié en Russie, froid et pluvieux. On dit qu'il n'y a jamais de soleil. Les seuls qui habitent là-bas, ce sont les fonctionnaires qui travaillent dans les camps", témoigne cette rescapée au micro d'Europe 1.
La politique menée actuellement par Vladimir Poutine ne lui évoque donc que dégoût. "Alors peut-être que Depardieu aime la Russie, oui... Moi aussi j'aime la Russie ! Mais pas celle-là, pas celle d'aujourd'hui, pas lorsqu'on continue d'enfermer les opposants", déplore Zara Mourtazalieva.
"Toute la nuit par moins 30 degrés"
Pendant ces huit années passées en Mordovie, la vie n'a été qu'un enfer. "J'ai encore aujourd'hui dans la tête le bruit des grilles qui se referment derrière moi, les punitions des chefs qui voulaient 'nous apprendre la vie'. Par exemple, quand on ne disait pas bonjour, on devait rester debout dehors toute la nuit par moins 30 degrés. Sans manteau. Et ça, jusqu'à ce qu'on tombe de fatigue ou de froid", raconte cette réfugiée qui conclut : "c'est ça ma Mordovie à moi".