"C'était le chaos." Les journalistes français et étrangers présents à Homs mercredi, en Syrie, racontent les conditions de l'attaque qui a coûté la vie au grand reporter Gilles Jacquier. Une quinzaine de reporters étaient en mission dans ce bastion de la contestation au régime de Bachar al-Assad, avec l'accord des autorités syriennes.
"Un voyage officiel à Homs, encadré par les autorités"
"Nous faisions un voyage officiel à Homs, encadré par les autorités", explique sur Europe 1, le photographe Eric Fauvet. "Nous sommes partis ce matin vers 11 heures (10 heures à Paris) pour Homs. On nous avait dit 'vous pouvez aller partout mais on va commencer par vous emmener dans un quartier alaouite' [favorable à Bachar al-Assad, ndlr]", poursuit-il.
"Sous la conduite des services de sécurité, nous avons effectué une visite dans une partie de la ville. Nous avons pu interviewer quelques habitants", raconte de son côté Jens Franssen, un journaliste de la radio-télévision publique flamande belge VRT. "Quelques minutes avant l'accident, il y a eu une manifestation pro-Assad de quelques jeunes. Nous leur avons posé quelques questions puis on a continué', poursuit-il.
"Certains sont montés sur le toit pour faire des photos"
"Tout à coup, il y a eu une explosion d'abord lointaine, on a vu une colonne de fumée. Puis une explosion plus proche. On s'est réfugiés dans un petit immeuble. Certains sont montés sur le toit pour faire des photos", raconte Eric Fauvet. Le journaliste de France 2, Gilles Jacquier, faisait partie de ces reporters.
"Et tout à coup, on nous a dit 'c'est dangereux ici, descendez descendez !' Et là, il y a eu une autre explosion. C'est dans cette explosion que notre confrère de France 2 est mort", poursuit le photographe. "Ce qui m'a sauvé, c'est que, quand on nous a dit de descendre, je me suis accroupi et je ne suis pas descendu. Je me suis dit que s'il y en avait une autre, il fallait mieux être accroupi derrière du béton", analyse-t-il.
"J'ai compris qu'il était mort sur le coup"
Gilles Jacquier, lui, "est descendu, il a obéi. Il est mort dans l'encadrement de la porte", raconte Eric Fauvet. Son caméraman, Christophe Kenck, n'était pas avec lui au moment de l'explosion. Sur FranceTvinfo, il raconte : "je suis arrivé dans l'immeuble. On a sorti Gilles, on l'a porté dans un taxi pour l'amener à l'hôpital mais quand j'ai vu Gilles sortir j'ai compris qu'il était mort sur le coup."
"C'était le chaos. Les gens criaient. Il y avait du sang sur le sol. Personne ne savait ce qui se passait", dit encore Jens Franssen. "Ça a été la panique. J'ai vu des gens gravement blessés", raconte aussi Eric Fauvet. Le journaliste belge précise que les reporters ont ensuite été regroupés dans un hôtel, d'où ils ont pu prévenir leurs familles et leurs rédactions.