Hosni Moubarak ne peut "garder le silence face aux campagnes de diffamation et aux tentatives de porter atteinte" à sa "réputation" et à son "intégrité", ainsi qu’à celles de sa famille. Alors que l’Egypte commence à solder ses comptes avec ses anciens dirigeants, l’ancien président égyptien s’est exprimé dimanche dans un message audio diffusé par la chaîne saoudienne Al-Arabiya. Sa première prise de parole depuis son départ du pouvoir le 11 février dernier.
Convoqué avec ses deux fils par la justice, les trois hommes devront s’expliquer sur l’emploi de la violence contre les civils lors des manifestations de janvier et février et répondre d’accusations concernant "l'utilisation de l'argent public", dans le cadre d'opérations anti-corruption en cours visant l'ancien régime.
Victime d’une "campagne injuste"
Pour Hosni Moubarak, il s’agit là d’une "campagne injuste" dont il dit avoir "beaucoup souffert". Il assure que ni lui ni son épouse Suzanne n'ont "de biens ou de comptes à l'étranger", en réaction à la demande des nouvelles autorités égyptiennes de geler ses avoirs en Egypte et à l’étranger. Pour autant, l’ancien chef de l’Etat ne fait pas mention des avoirs de ses deux fils, Alaa -un homme d'affaires- et Gamal - son dauphin présumé et lui aussi proche des milieux d'affaires, soupçonnés de détenir d'importantes fortunes.
Le mystère entoure le lieu depuis lequel Hosni Moubarak s’est exprimé. Al-Arabyia n’en donne aucune indication. Alors que les nouvelles autorités assurent toujours qu’il est assigné à résidence à Charml-el-Cheikh en Egypte, des rumeurs circulent sur le fait que l’ancien raïs, 82 ans, serait à Tabouk en Arabie Saoudite pour subir un traitement anticancéreux.
La justice a également annoncé dimanche la mise en détention préventive pour quinze jours, suite à des accusations de corruption, de l'ancien Premier ministre Ahmad Nazif, alors que plusieurs anciens ministres de l’ère Moubarak et des hommes d'affaires proches de son clan font l'objet de procès ou de mesures de sanctions diverses (gel de leurs avoirs, interdictions de quitter le pays). Une grande partie des Egyptiens souhait voir leurs anciens dirigeants jugés au plus vite. Et ils sont encore nombreux à se réunir place Tahrir, épicentre de la révolution, pour crier leur colère après 30 ans de dictature.