L'avenir de Hosni Moubarak s'assombrit. Cinq mois après le début du procès du président égyptien déchu, le parquet a requis la peine capitale jeudi. Allongé dans une civière, dans le box des accusés, l'ancien homme fort de l'Egypte, comparaît pour le meurtre de 850 manifestants lors de la révolte qui l'a chassé du pouvoir début 2011.
"L'accusation réclame la peine maximale contre Moubarak et les autres accusés, à savoir la peine de mort par pendaison", a déclaré le procureur Moustafa Khater. "Pour la mort d'une personne, on encourt la peine de mort, alors que devrait dire le tribunal lorsqu'il est question de la mort de centaines de personnes?", a-t-il ajouté.
Ce réquisitoire de Khater a déclenché applaudissements et acclamations chez certains hommes de loi présents. "La mort, la mort! Dieu est le plus grand!", ont-ils scandé.
Au cours des trois derniers jours, les procureurs ont dressé le portrait d’un dirigeant tyrannique qui a cherché à céder le pouvoir à son fils cadet Gamal. Un homme qui a ouvert "les portes à ses amis et ses proches et qui a ruiné le pays", ont-ils insisté.
"Moubarak savait parfaitement ce qui se passait"
Le vieux lion de 83 ans a-t-il ordonné de tirer sur la foule ? Aucun doute pour le parquet. "Le président de la République est responsable de la protection du peuple, la question n'est pas seulement de savoir s'il a donné ou non des instructions de tuer les manifestants, mais au-delà de ça de savoir pourquoi il n'est pas intervenu pour arrêter la violence contre ces manifestants", a insisté un autre procureur, Moustafa Souleimane.
"M. Moubarak savait parfaitement ce qui se passait, mais il n'a rien fait", a-t-il conclu en rappelant que le ministre de l'Intérieur de l'époque "ne pouvait pas donner des ordres de tirer sur les manifestants sans avoir obtenu des instructions de Moubarak".
Un verdict courant janvier
La peine de mort a également été requise contre l'ancien ministre de l'Intérieur Habib el-Adli et six ex-responsables des services de sécurité, jugés en même temps. Alaa et Gamal Moubarak, les deux fils de l'ex-raïs également jugés, sont poursuivis quant à eux pour des faits qui ne sont pas passibles de la peine de mort.
Au Caire, ce réquisitoire est vécu comme un grand soulagement, notamment par les familles des victimes. Mais la route est encore longue. L'audience doit reprendre le 9 janvier. La date du verdict n'est pas encore connue.