Samedi, l'Allemagne a commémoré les 50 ans de la construction du mur de Berlin, débutée par la RDA dans la nuit du 12 au 13 août 1961. Un Mur qui "était et reste une honte", a notamment déclaré le maire de la capitale allemande, Klaus Wowereit, devant des milliers de personnes rassemblées aux abords du mémorial. La chancelière Angela Merkel et le président allemand Christian Wulff ont aussi participé aux cérémonies, retransmises en direct à la télévision. Elles se tenaient au mémorial du Mur sur la Bernauer Strasse, dans le centre de la ville.
Les drapeaux étaient en berne au sommet du Reichstaget et à midi, les cloches de toutes les églises ont sonné et les métros se sont arrêtés pendant une minute, en hommage aux personnes abattues en tentant de franchir le Mur durant ses 28 ans d'existence. Leur nombre, généralement estimé entre 125 et 160 pour la seule ville de Berlin, fait l'objet de controverses.
"Un signal pour les jeunes générations"
Cinquante ans plus tard, loin de vouloir refouler le souvenir du Mur, l'Allemagne le cultive. C'est "un signal pour les jeunes générations" afin de montrer que la dictature n'a aucun avenir, estime le maire de Berlin, dans un entretien avec l'agence de presse Belga. "Il n'y a pas de place pour le refoulement ou l'oubli et cela doit rester ainsi dans les décennies à venir", ajoute-t-il. Lors de la cérémonie, il s'est élevé contre les "nostalgiques" du Mur, qui "s'inscrit dans le contexte d'une dictature". "Il n'y a aucune raison légitime, il n'y a aucune justification pour violer les droits de l'Homme, pour que des gens aient été tués près de ce mur", a-t-il martelé.
Le journal Bild a pour sa part offert un morceau du Mur à l'ex-chancelier Helmut Kohl pour le remercier pour son rôle dans la réunification du 9 novembre 1989. Pesant quelque 2,7 tonnes pour 3,6 mètres de hauteur, ce bloc de béton sera exposé devant son domicile.
A Berlin, des morceaux du Mur préservés après la réunification sont même restaurés pour l'occasion. Certains menacent de tomber en ruine, endommagés par les morceaux prélevés par les touristes en quête d'un souvenir de la ville. La détérioration naturelle a joué son rôle, elle aussi.
Plus que 3 km de mur
Des 155 kilomètres d'origine, il n'en subsiste aujourd'hui que 3. Après la réunification, la population avait demandé la destruction totale du Mur, craignant de le voir se refermer un jour. Les mentalités ont évolué. Et en 2006, Berlin et l'État fédéral ont même entamé un travail de conservation des restes, en souvenir des victimes.
Le financement de ces restaurations, estimées à 105.000 euros, porte lui aussi sa part de symbole : il est issu des fonds du SED, ancien parti majoritaire d'Allemagne de l'Est, saisis à la réunification.