Des photos de mariage. Nichole Sobecki est une habituée de la violence puisqu’elle a couvert de nombreux conflits dans le monde pour l’Agence France Presse TV. Sauf que cette fois, l’attaque des shebab somaliens, qui ont revendiqué cet attentat, a eu lieu à quelques minutes de sa maison, raconte-t-elle dans un blog de l’AFP. Au moment où elle apprend la nouvelle de la prise d’otages dans ce centre commercial de Nairobi, qui a fait plus de 60 morts selon le dernier bilan, son mari, photographe du New York Times, était en train de récupérer des photos de son mariage. Les deux époux prennent leur matériel ainsi que leur gilet par balles et se rendent rapidement sur place.
Des corps pour former une barrière. A leur arrivée, ils ne sont pas vraiment conscients de ce qui est en train de se passer. Ils pénètrent dans le bâtiment et prennent une rampe d’accès en direction du 3e étage de ce complexe. "La première chose que j’ai vue c’est cette équipe de sécurité qui tentait de débrancher les ascenseurs. Ils voulaient empêcher les assaillants de bouger d’un étage à l’autre et éviter de les voir surgir", témoigne cette journaliste, interrogée par Europe 1. A cet endroit, Nichole Sobecki voit les étages inférieurs du centre commercial. "Je n’ai jamais vu ces assaillants mais j’ai vu des victimes. Leurs corps avaient été déplacés devant l’entrée. Les forces de sécurité pensent que c’était pour faire comme une barrière afin de les empêcher d’entrer", raconte-t-elle.
Une mère qui protège ses enfants. Puis au premier étage, Nichole Sobecki voit une "femme avec deux jeunes enfants qui étaient encore vivants". "Ils se cachaient derrière le comptoir d’un café. Elle avait ses bras autour des enfants pour essayer de les protéger. Elle était terrifiée. Ils devaient être là depuis au moins deux heures", assure cette journaliste. Par chance, ils ont pu être secourus et sont sortis sains et saufs. Dans le mall, la journaliste assiste à toute cette séquence "surréaliste", presque sortie d’un film. "C’était calme avec des tirs qui résonnaient ici et là à différents endroits du centre commercial pendant que les hauts parleurs continuaient à diffuser de la musique. C’était très étrange", raconte Nichole Sobecki qui s’inquiète car une rumeur se propage parmi les personnes à l’intérieur : les assaillants auraient des ceintures d’explosifs. Après trois heures à l’intérieur, elle finit par sortir "éprouvée par des scènes d’horreur", ajoute-t-elle. Mais face à une telle violence, elle a vu aussi l’humanité des gens : "des inconnus" qui s’aident mutuellement, le "courage" des forces de l’ordre, la "foule" qui vient donner son sang pour les blessés.