Le préjudice est estimé à plusieurs millions d’euros. Marino Massimo De Caro, l’ancien directeur de la bibliothèque Girolamini, prestigieuse institution napolitaine, est soupçonné d’avoir dérobé des milliers ouvrages anciens, dont deux livres de Galilée datant du 17e siècle. L’homme a été arrêté en mai, et l’enquête, toujours en cours, révèle que les faits seraient encore plus graves qu’imaginés, raconte le Telegraph.
Tout commence en mars dernier, quand Tomaso Montanari, un historien de l’art de l’Université de Naples, visite la bibliothèque. Livres posés à même le sol, canettes de soda sur les étagères et rumeurs de véhicules lourdement chargés quittant la cour du bâtiment à la nuit tombée : l’historien s’alarme de l’état déplorable dans lequel il a trouvé l’institution et se fend d’un article dans le quotidien Il Fatto Quotidiano.
Il se servait dans d’autres institutions
En mai, Marino Massimo De Caro, qui dirige l’institution depuis moins d’un an, est arrêté et écroué par la police italienne pour vol, détournement de fonds et association de malfaiteurs. Une douzaine de personnes ont par ailleurs été arrêtées, selon le Corriere della Sera. Au fil de l’enquête, l’ampleur des faits se révèle affolante : plus de 4.000 ouvrages ont été volés, pour la plupart revendus à des collectionneurs ou tout simplement mis sur le marché.
A Vérone, les enquêteurs ont par exemple retrouvé 240 ouvrages portant le tampon de la bibliothèque. Mais Marino Massimo De Caro ne se serait pas contenté de piller le fonds de la Girolamini : il aurait aussi fait main basse sur des livres précieux dans d’autres bibliothèques. A Padoue et au monastère de Monte Cassino, il aurait ainsi dérobé les deux seules copies existantes d’un texte rare de Galilée, datant de 1606.
Des copies pour remplacer les originaux
Comment Marino Massimo De Caro a-t-il pu commettre un tel forfait ? Pour dissimuler les vols, le directeur de bibliothèque remplaçait les ouvrages originaux par des copies d’excellente facture, dont la qualité a impressionné les experts. Le fait que la bibliothèque Girolamini ait été fermée au public pendant longtemps lui a aussi facilité la tâche.
Et pour s’introduire dans d’autres institutions, il se faisait recommander par ses puissants amis politiques, pour mener des inspections. Soucieux d’être bien vus en hauts lieux pour obtenir des subventions, les directeurs de bibliothèques lui ouvraient grand leurs portes pour lui montrer leur plus belles pièces, qu’il emportait avec lui dès que tout le monde avait le dos tourné, souligne le Corriere.
Faux descendant des princes de Lampedusa
L’enquête a en outre permis de mettre au jour les mensonges éhontés de cet étonnant personnage. Marino Massimo De Caro assurait descendre des princes de Lampedusa. Il n’en est rien, selon la prestigieuse famille. Quant à ses diplômes de l’Université de Sienne et sa prétendue expérience à l’Université de Vérone, ils sont tout aussi inventés.
C’est essentiellement grâce à son entregent qu’il s’est hissé dans les hautes sphères du monde culturel italien. Son histoire, souligne le Telegraph, risque en tout cas d’écorner encore un peu plus l’image qu’ont les Italiens de leurs hauts-fonctionnaires, déjà mal vus après un scandale impliquant le responsable de l'agence chargée de collecter les impôts locaux, accusé d'avoir détourné plus de 100 millions d'euros à son profit.