C’est l’une des grandes menaces pour la sécurité de l’Afrique et de l’Europe et elle est plutôt méconnue : les cartels de drogue sud-américains et les djihadistes du Sahel ont fait alliance. Leur but : protéger le business juteux de la drogue.
Quatre ans de rencontres. Selon une agence gouvernementale américaine, les narcotrafiquants américains et les membres d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) se rencontrent régulièrement depuis quatre ans. Une association qui pèse sur la sécurité de l’Afrique alors que se tient en ce moment le forum sur la paix et la sécurité sur le continent africain.
Ahmedou Ould-Abdallah, un ancien ministre mauritanien, confirme à Europe 1 ces rencontres : "les deux groupes sont en permanence en contact. Les cartels ont leurs intermédiaires dans plusieurs régions. Ici, ils viennent comme touristes mais les deux groupes se rencontrent, ils travaillent bien".
L’autouroute 10. Les djihadistes se retrouvent ainsi à sécuriser des caravanes de cocaïne ou de cannabis. Les autoroutes de la drogue ont, en effet, changé. Avant, les cartels passaient par les Caraïbes. Désormais, c’est l'autoroute 10, qui désigne le 10e parallèle reliant la Colombie aux côtes ouest africaines, qui est empruntée.
Le trajet est certes plus plus long mais plus sûr, d’après Michèle Ramis, chargée de la lutte contre la criminalité organisée au ministère des Affaires étrangères : "pour un trafiquant faire le tour du monde, ce n’est pas un problème. C’est très très peu par rapport à l’arrivée certaine d’une cargaison. Ils ont choisi Afrique parce qu’ils ont estimé qu’il y avait des pays vulnérables où les contrôles seraient moindres et ils sont venus d’ailleurs entravé le développement de ces pays".
Un trafic qui rapporte. Et cette alliance est gagnante selon l’ONU : quand un Espagnol achète son gramme de cocaïne 50 euros, 7 euros 50 atterrissent directement dans les proches de groupes islamistes.