Le maire de New York, Michael Bloomberg, veut mettre sa ville au régime. Pour cela, il a annoncé jeudi qu'il souhaitait interdire la vente de boissons sucrées et de sodas de plus d'un demi-litre dans les restaurants, les cinémas, les stades et pour les vendeurs de rues, une mesure sans précédent aux Etats-Unis pour lutter contre l'obésité.
"Il y a une épidémie dans ce pays de gens trop gros, le pourcentage de la population obèse monte en flèche. Nous devons faire quelque chose", a expliqué Michael Bloomberg sur MSNBC, ajoutant que les études confirmaient que si les portions étaient plus petites, les gens consommaient moins.
"Libre à eux, a-t-il précisé, d'acheter deux sodas de 47 cl s'ils veulent boire plus. Il y a 30 ans, la norme pour les sodas dans les distributeurs était de 20 cl. Puis elle est passée à 35. Puis à 47. Et il n'est pas rare de voir parfois de jeunes Américains avec des verres de soda qui font près d'un litre."
" New York ne va pas se contenter de crier"
Selon la mairie, plus de la moitié des adultes à New York sont obèses ou en surpoids, et ce problème touche également 40% des enfants des écoles publiques. La consommation de boissons sucrées, qui coûtent souvent moins cher que l'eau minérale et dont les grands gobelets sont à peine plus chers que les petits, en est l'une des causes.
"L'obésité est un problème national et partout les experts de santé publique s'écrient 'Oh, ceci est épouvantable'. New York ne va pas se contenter de crier. Nous devons faire quelque chose et je pense que c'est ce que la population veut que le maire fasse", a lancé Michael Bloomberg, cité par le New York Times.
A l'automne dernier, la mairie avait déjà lancé une campagne de sensibilisation. Elle avait expliqué que 60 cl de soda par jour représentaient 22 kilos de sucre par an. Les enfants, a assuré Michael Bloomberg, consomment en moyenne trois boissons sucrées par jour, et 30% des adultes à New York en boivent au moins une par jour. "L'obésité, qui accroît en outre les cas de diabète, tue plus de 5.000 adultes new-yorkais chaque année, bientôt plus que le tabac (7.000) et coûte des milliards de dollars en frais de santé", a-t-il assené.
Excès de zèle ?
Depuis 10 ans, New York essaye de combattre le fléau des kilos en trop. Les restaurants new-yorkais et les enseignes de restauration rapide doivent déjà faire figurer les calories sur leurs menus, en face de chaque plat et boisson.
Mille permis ont été délivrés pour la vente dans les rues de fruits et légumes frais, selon la mairie, et les snacks et boissons trop riches ont été limités dans les distributeurs publics. Les acides gras trans ont été interdits dans les restaurants. Et cet hiver, une campagne de publicité avait également déjà invité les New-Yorkais à réduire leurs portions.
Mais les nouvelles recommandations du maire -qui ne concernent pas les jus de fruit et les boissons 'light'- ont hérissé l'Association des boissons de New York (New York City Beverage association), dont le porte-parole a dénoncé un excès de zèle. Et certains New-yorkais estiment que le maire en fait peut-être un peu trop.
Les vendeurs auront neuf mois
"Il est temps pour les professionnels de santé de se mettre sérieusement au travail, et de chercher les solutions qui vont vraiment restreindre l'obésité. Les propositions chocs du maire distraient juste du travail acharné qui a besoin d'être fait sur ce front", s'est énervé le porte-parole de l'Association des boissons dans le New York Times.
"Nous avons l'obligation de vous avertir quand les choses ne sont pas bonnes pour votre santé", a répondu Michael Bloomberg. Ensuite "vous avez la responsabilité de prendre soin de vous". L'élu a pris comme exemple l'interdiction de fumer dans les bars et restaurants, très contestée au départ: "Cela a été contesté, mais finalement accepté, et c'est un gros progrès".
L'objectif officiel de la mairie est de faire passer d'ici à 2016 de 30% à 20% le pourcentage d'adultes consommant une boisson sucrée par jour.
Si la recommandation de Michael Bloomberg est approuvée par la commission de la santé de la ville, les vendeurs de sodas et boissons sucrées auront neuf mois pour s'y préparer, en changeant la taille des gobelets.