Pour les quelque 1.500 Français qui vivent au Niger, dont les trois quarts dans la capitale Niamey, l’ambiance est des plus pesantes. Le rapt et la mort de deux ressortissants ce week-end est dans toutes les têtes. D’autant que l’enlèvement a eu lieu dans le quartier résidentiel du Plateau, l’un des plus sécurisés de la ville, et très fréquenté par les expatriés.
"Ça peut retomber, quand, où, sur qui ? "
"Niamey est une ville relativement calme et tranquille. Jusqu’à présent on avait une vie tout à fait normale", assure Anne, 42 ans, au micro d’Europe 1. "Les Nigériens sont des gens sympathiques, qui n’ont aucun animosité ni de réaction de violence. Jusqu’à présent, on était relativement en sécurité", renchérit France.
Aujourd’hui, la situation a évidemment totalement changé pour ces expatriés, dont la plupart sont travailleurs humanitaires, profs au lycée français ou employés de l’ambassade. "On est tous un peu stressés, à se dire "quelle va être la suite de ces enlèvements, ça peut retomber, quand, où, sur qui ?". On va être plus prudent dans nos déplacements", témoigne Véronique, mère de quatre enfants. "On va continuer à aller chez des amis, mais peut-être pas dans les restaurants ou dans des endroits qui sont connus pour rassembler des expatriés." France abonde : "On se pose des questions, on est déstabilisés", admet-elle. "Mais on ne peut pas vivre reclus, ne plus rien faire."
"Je n’ai aucune envie de partir"
Certains ont décidé de partir, mais beaucoup veulent rester car ils apprécient leur vie au Niger. "J’ai une affaire ici, je travaille, je suis en train de faire ma vie ici. Je n’ai aucune envie de partir. C’est un pays formidable. Les gens sont extrêmement gentils, aidant", témoigne ainsi un jeune Français, qui a ouvert un commerce il y a six mois. "La question nous a automatiquement effleuré l’esprit", confesse Anne. "On est dans l’attente des consignes que va nous donner l’ambassade."
La France a demandé aux autorités nigériennes de renforcer la sécurité des expatriés. Mais pour l’heure, toutes les forces sont concentrées sur l’élection présidentielle qui a lieu mardi au Niger. C’est sans doute après ce scrutin que la vie tentera de reprendre son cours.