Nigeria : Muhammadu Bahuri, ce président "converti à la démocratie"

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DE PUTSCHISTE A PRESIDENT - Le nouveau président de la première économie d’Afrique est un ancien putschiste réputé pour sa poigne et son intégrité.

Après quatre ans de règne, Goodluck Jonathan doit céder sa place à la tête du Nigeria. C’est son opposant Mohammadu Buhari qui a remporté l’élection présidentielle du 28 mars avec 53,95% des voix. Cet homme politique de 72 ans deviendra donc président de la première économie du continent africain, dont le nord est en proie à la violence des combattants de Boko Haram. Europe 1 fait les présentations.

Un "converti" à la démocratie. A peine élu, Mohammadu Buhari est déjà un symbole pour la démocratie au Nigeria. Cette alternance est la toute première depuis 1999, après une longue période de dictature militaire. Jonathan Goodluck, l’ancien président candidat malheureux à sa réélection, était arrivé en poste à la mort de l’ancien chef de l’Etat. Pourtant, Mohammadu Buhari n’est pas né avec la démocratie dans le sang. Il se décrit lui-même comme un "converti".

Un diplomate dans une malle… Ancien général formé en Grande-Bretagne, Mohammadu Buhari a participé dans les années 60 à un des nombreux coups d’Etat qui ont émaillé l’histoire du Nigeria, rappelle le magazine Jeune Afrique. Sa tentative fait long feu mais il parvient à ses fins en décembre 1983, quand il prend la tête du pays après avoir renversé le président Shehu Shagari. Il règnera d’une main de fer pendant un an et demi. Plusieurs incidents émaillent sa présidence : la découverte d’un ancien ministre kidnappé, enfermé dans une malle estampillée "valise diplomatique", l’arrestation et incarcération du musicien et activiste Fela Kuti ou encore l’expulsion du pays de centaines de milliers de Nigériens en pleine famine.

Muhammadu Buhari a gardé cette "réputation d’homme à poigne", expliquait avant les élections Samuel Nguembock, chercheur à l’Institut des relations internationales et stratégies contacté par Europe 1. Le chercheur rappelle que, lors de son passage au pouvoir, Buhari avait théorisé la "guerre contre l’indiscipline" et lutté contre la corruption qui gangrène le pays. A peine élu, il a promis la guerre à Boko Haram, qui "va vite mesurer la force de notre volonté collective", a-t-il déclaré dès mercredi.

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Le passé est du passé. Pourtant, il le jure, il ne "compte pas diriger le Nigeria", mais "veut gouverner le pays démocratiquement, avec votre aide", a-t-il déclaré au cours de sa campagne. Par trois fois, il échoue à se faire élire lors de scrutins présidentiels. La quatrième tentative a été la bonne. Pour l’élection de mars 2015, Mohammadu Buhari a su nouer des alliances avec des hommes politiques d’ethnies et de religions différentes dans un pays où le vote communautaire est une donnée importante. Le musulman du Nord a ainsi pu allier certains des chrétiens du Sud à sa candidature.

Malgré son passé de putschiste, le nouveau président garde une réputation d’intégrité. Il est "l’un des seuls membres du club des officiers d’élite ayant accédé au pouvoir à conserver une relative ‘virginité’ aux yeux de la population", écrit Jeune Afrique. Il a "redonné de l’espoir" à un pays englué entre les difficultés économiques et sécuritaires, selon Marc-Antoine Pérouse de Montclos, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement, sur RFI. Le passé de général de Muhammadu Buhari devrait en tout cas lui servir dans sa lutte contre l’ennemi intérieur Boko Haram et lui attirer, quelques temps au moins, la confiance de ses concitoyens.

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