L'info. Il pourrait s'agir de l'attaque la plus destructrice de Boko Haram dans le nord-est du Nigeria, assure jeudi Amnesty International. Selon l'organisation, des centaines de personnes, si ce n'est plus, pourraient avoir été tuées dans l'offensive lancée le 3 janvier sur la ville de Baga, sur les rives du lac Tchad. Des exactions qui semblaient viser les milices civiles d'auto-défense, assistant l'armée contre le groupe terroriste.
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Photos satellites à l'appui, Amnesty démontre jeudi l'ampleur "indiscutable" des dégâts. Des clichés aériens de deux villes, Baga et Doron Baga, à 2,5 kilomètres de distance et pris à cinq jours d'écart, la veille de l'attaque et quatre jours après.
Des villes presque rayées de la carte. "Ces images détaillées démontre la dévastation dans des proportions catastrophiques, de deux villes. L'une d'entre elle a presque été rayée de la carte en l'espace de quatre jours", assure Daniel Eyre, le spécialiste du Nigeria chez l'organisation internationale. Plus de 3.700 structures ont été endommagées ou détruites, 620 à Baga et 3.100 à Doron Baga, selon un calcul d'Amnesty, qui a précisé que le chiffre était peut-être en deçà de la réalité.
Une femme enceinte abattue en plein accouchement. "Ils ont tué tellement de gens. J'ai peut-être vu 100 personnes tuées à un moment à Baga. J'ai couru dans la brousse. Alors que nous courions, ils mitraillaient et tuaient", a témoigné auprès d'Amnesty un quinquagénaire. D'autres habitants ont également raconté l'horreur, à l'image de ce témoin anonyme, qui a relaté l'assassinat d'une femme enceinte, abattue lors de son accouchement en même temps que d'autres enfants. "La moitié du bébé (était) sortie et elle est morte dans cette position", raconte ce témoin cité par Amnesty.
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Des milliers de réfugiés en quelques jours. Seize localités ont été brûlées, et 20.000 personnes ont dû fuir la région, selon des responsables locaux. D'après le Haut commissariat aux réfugiés des Nations Unies, ce sont 11.320 personnes qui, en quelques jours, ont trouvé refuge au Tchad voisin.
"Les meurtres délibérés de civils et la destruction de leurs biens par Boko Haram constituent des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité et appellent une enquête en conséquence", a déclaré Amnesty International.
Le nombre exact de victimes difficile à estimer. L'armée nigériane, qui a tendance à minimiser les bilans de victimes, a affirmé cette semaine que 150 personnes avaient été tuées, qualifiant de "sensationnalistes" les estimations faisant état de 2.000 morts. Les observateurs jugent qu'il sera presque impossible de connaître le compte exact, alors que l'accès à la ville de Baga et ses alentours est sous contrôle rebelle et donc impossible d'accès.
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