L'info. Les élections présidentielle et parlementaire au Nigeria, qui devaient se tenir le 14 février, ont été reprogrammées au 28 mars, a annoncé tard samedi soir la commission électorale à Abuja. Le président de la Commission électorale nationale indépendante (INEC), Attahiru Jega, a expliqué avoir donné suite à une demande des responsables de la sécurité.
Les autorités craignent que Boko Haram profite des rassemblements. Ces derniers jugeaient "déraisonnable" de maintenir la date des scrutins au 14 février, alors que les forces de défense ne seraient pas disponibles pour assurer la sécurité du vote sur l'ensemble du territoire. Les troupes seront engagées dans des opérations militaires contre le groupe islamiste armé Boko Haram, qui mène depuis six ans des attaques et enlèvements sanglants dans le nord-est du pays. Beaucoup craignent que le groupe terroriste, dont l'insurrection et sa répression ont fait depuis 2009 plus de 13.000 morts et 1,5 million de déplacés, ne profite des rassemblements d'électeurs pour commettre de nouveaux massacres. Face à la situation, le conseiller national à la sécurité du Nigeria a donc demandé un report des élections "de six semaines au moins".
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Un report surprenant pour Ryan Cummings, responsable Afrique du cabinet de consultants en sécurité Red24. Ce dernier estime que six semaines ne suffiront pas pour endiguer la menace Boko Haram. Actuellement, le groupe islamiste "revendique le contrôle (partiel ou total) de 20 des 27 municipalités de l'Etat de Borno, et de deux dans chacun des Etats de Yobe et de l'Adamawa. (...) Déloger Boko Haram de toutes ces zones en l'espace de six semaines serait un exploit sans précédent", a estimé Ryan Cummings.
Autre casse-tête dans l'organisation des élections : la distribution des cartes d'électeurs (PVC). D'après l'INEC, 68,8 millions de Nigérians, sur une population globale de 173 millions d'habitants, sont inscrits sur les listes électorales.
Les Etats-Unis "déçus". Samedi à Abuja, des manifestants hostiles à un changement de calendrier électoral ont défilé dans les rues, brandissant des pancartes où l'on pouvait lire : "Dites non au report des élections". Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a également manifesté sa déception samedi soir, affirmant que les Etats-Unis étaient "profondément déçus" par ce report, et relevant "l'importance" de s'assurer qu'il n'y en ait pas de nouveau.
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Les favoris de l'élection. Au total 14 candidats sont en lice pour la présidentielle qui, selon plusieurs analystes, devrait se jouer entre deux favoris : le chef de l'Etat sortant Goodluck Jonathan, 57 ans, sous les couleurs du Parti démocratique populaire (PDP) et l'ex-général Muhammadu Buhari, 72 ans, en compétition pour le Congrès progressiste (ACP), principale formation de l'opposition.