Le premier Prix Nobel "cru 2011" a été attribué lundi, et il concerne la médecine. Et un Français, Jules Hoffmann, figure parmi les trois lauréats pour cette prestigieuse récompense. Avec l’Américain Bruce Beutler, et le Canadien Ralph Steinmann, ils ont été récompensés pour leurs travaux sur le système immunitaire. "Les lauréats du Nobel de cette année ont révolutionné notre compréhension du système immunitaire en découvrant les principes clef de son activation", justifie le comité Nobel dans un communiqué. "Leurs travaux ont ouvert de nouvelles voies pour le développement de la prévention et pour des thérapies contre les infections, les cancers et les maladies inflammatoires."
Un million d'euros à se partager.
Ralph Steinman, l'un des trois lauréats, n'aura cependant pas eu le bonheur de recevoir sa récompense. Le médecin est en effet décédé le 30 septembre d'un cancer du pancréas, à l'âge de 68 ans.
"MM Beutler et Hoffmann se partagent une moitié du prix pour leurs travaux sur le système immunitaire inné. M. Steinman est récompensé pour ses travaux dans le système immunitaire adaptif", précisait le communiqué avant d'apprendre le décès du chercheur canadien. Les deux premiers nommés devraient donc se partager la moitié du prix de 10 millions de couronnes suédoises (1,06 million d’euros) remis aux lauréats.
Bruce Beutler, 55 ans, et Jules Hoffmann, 70 ans, "ont découvert les protéines réceptrices qui reconnaissent les micro-organismes (nocifs) et activent le système immunitaire, première étape de la réponse immunitaire de l'organisme", explique le comité Nobel. Ralph Steinman "a découvert les cellules dendritiques du système immunitaire et leur capacité unique à activer et réguler l'immunité adaptative, dernière étape de la réponse immunitaire de l'organisme au cours de laquelle les micro-organismes sont évacués du corps", ajoute le comité.
Hoffmann plusieurs fois récompensé
Le Français Jules Hoffmann, président de l'Académie des sciences en 2007-2008, est quant à lui loin d’être un inconnu dans le milieu de la recherche. L’homme, qui travaille au sein de l'Institut de biologie moléculaire et cellulaire de Strasbourg, a d’abord spécialisé ses recherches sur les insectes et leur réponse immunitaire, mais les résultats qu’il a obtenus ont rapidement trouvé un intérêt pour l’homme.
"Au départ, tout ce que nous voulions, c’était comprendre comment l’insecte se défend et bloquer ses défenses pour le neutraliser", raconte-t-il dans un portrait que lui a récemment consacré le CNRS. Grâce à la drosophile, on a pu apporter en quinze ans des éléments nouveaux et importants sur l’immunité innée qui concernent tous les grands groupes animaux, y compris l’homme, chez qui ce sujet était très peu étudié."
Jules Hoffmann a obtenu plusieurs distinction au cours de sa carrière, depuis le Prix franco-allemand Alexander von Humboldt, en 1984, jusqu’au prix Nobel. Un prix qui vient clore une année particulièrement riche pour le scientifique, qui a aussi obtenu cette année le prestigieux Prix Shaw, qualifié de "Nobel d’Asie", et la médaille d’or du CNRS.
Les lauréats du prix Nobel de médecine recevront leur prix lors d'une cérémonie officielle à Stockholm le 10 décembre, date anniversaire de la mort du fondateur du prix, l'industriel suédois Alfred Nobel. Ils seront accompagnés des vainqueurs des autres Prix Nobel, dont les lauréats seront connus mardi pour la physique, mercredi pour la chimie, jeudi pour la littérature, vendredi pour la Paix et lundi prochain pour l'économie.