Norvège : la police a-t-elle tardé à réagir ?

La police norvégienne s'est défendue d'avoir tardé à réagir vendredi lors du massacre de 86 personnes sur l'île d'Utoya par Anders Behring Breivik.
La police norvégienne s'est défendue d'avoir tardé à réagir vendredi lors du massacre de 86 personnes sur l'île d'Utoya par Anders Behring Breivik. © reuters
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avec notre envoyé spécial François Clauss et agences , modifié à
L'arrivée tardive de la police sur l'île où a eu lieu la fusillade soulève des interrogations.

Trois jours après la double attaque qui a frappé Oslo et ses environs, des questions critiques sur le rôle de la police ont vu le jour. Certains s'interrogent sur l'arrivée tardive de la police sur l'île où a eu lieu la fusillade. Averties à 17h17 qu'une fusillade était en cours, les forces spéciales norvégiennes ne sont arrivées sur place qu'à 18h25, entre temps, 86 morts.

Plus d'une heure de décalage

Les policiers ont mis plus d'une heure entre l'alerte et leur arrivée sur les lieux. L'hélicoptère était curieusement basé à plus de 50 kilomètres du lieu où sont logés les hommes de l'unité spéciale d'intervention de la police. Ironie du sort, la chaîne de télévision NRK a dépêché un hélicoptère qui a filmé depuis les airs le tireur avant l'arrivée de la police, alors que le massacre était en cours.

D’autres interrogations se posent autour du bateau censé transporter les policiers de Honefoss, sur la rive du lac, jusqu’à l’île d’Utoya. Un bateau défectueux a en effet retardé l'arrivée des forces de l'ordre sur l'îlot. "Lorsqu'un grand nombre de personnes et du matériel se sont retrouvés sur l'embarcation, elle a commencé à prendre l'eau et son moteur s'est arrêté", a expliqué Erik Berga, chef des opérations de police dans le secteur de Buskerud.

"L'embarcation était trop petite", a-t-il dit. Trop chargé, il est tombé en panne, il a alors fallu en changer.

La police se défend

La police d'Oslo s'est expliquée dimanche sur le laps de temps qui s'est écoulé entre le premier message faisant état d'une fusillade sur l'île d'Utoeya et l'arrestation du tireur vendredi s'est défendu d'avoir tardé à réagir.

Un responsable de la police d'Oslo, Johan Fredriksen, a expliqué que la police du district local avait reçu un premier message l'alertant de la fusillade à 17h26. A 17h30, la police locale a notifié l'incident à la police d'Oslo, dont elle a formellement demandé l'assistance huit minutes plus tard, à 17h38.

Utoeya étant située à une quarantaine de kilomètres de là, une équipe de policiers armés est arrivée par bateau sur l'île à 18h25 et le suspect, Anders Behring Breivik, s'est rendu sans résistance deux minutes plus tard.Breivik "avait utilisé deux armes et il était encore en possession d'une quantité significative de munitions", a indiqué Johan Fredriksen.

"Les forces de police étaient occupées en centre ville avec l'attentat à la bombe. Beaucoup de fausses alertes ont contribué à disperser les forces de police", a par ailleurs rappelé lundi sur Europe 1 Sébastien Miraglia, chercheur à l'Institut norvégien des études de défense.

Une polémique inutile ?

Dans n'importe quel autre pays, la polémique ferait rage, notamment sur l'efficacité des forces de l'ordre, les nécessaires renforcements. Mais ici, la Norvège présente des particularités. C'est un pays où chaque année l'on remet au monde entier un prix célébrant la paix. Un pays dans lequel les policiers n'ont pas d'arme sur eux. Un pays où l'on a oublié depuis si longtemps la peine de mort.

"L'unité est une valeur norvégienne très importante. Par exemple, dans les médias norvégiens, on évite de faire des débats conçus comme précoces ou inutiles. Le délai de réaction de la police sur l'île n'est pour le moment pas un débat important", a expliqué Sébastien Miraglia.

De nouvelles mesures

Le Premier ministre norvégien s'est engagé mercredi à passer en revue les mesures de sécurité dans son pays. "Après l'enquête et quand, d'une certaine façon, nous aurons fini de réconforter ceux qui ont perdu des proches, le moment viendra d'examiner toutes les expériences que nous tirons de cette opération", a déclaré Jens Stoltenberg lors d'une conférence de presse.

La police d'Oslo et celle du district où a eu lieu la sanglante fusillade de vendredi vont recevoir 20 millions de couronnes (2,6 millions d'euros) pour créer 100 nouveaux postes, a par ailleurs annoncé mercredi le principal syndicat policier.

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