Plaidera-t-il la folie ? L’avocat d’Anders Behring Breivik, accusé du massacre qui a fait 76 morts à Oslo vendredi, a estimé mardi que son client était "dément", comme le prouve la tuerie dont il a reconnu être l’auteur. L’avocat a cependant précisé qu’il n’avait pas encore décidé si cela sera sa ligne de défense.
L’homme, âgé de 32 ans, doit d’abord "subir des examens médicaux". Geir Lippestad, notamment cité par le New York Times, a rencontré son client trois fois et semble avoir du mal à le cerner. "Je ne peux pas le décrire car il ne ressemble à personne d’autre", explique-t-il. "Il est dans une bulle". Et si l’homme a reconnu les faits, il n’a montré "aucun signe de commisération".
"Surpris d’arriver à ses fins"
L’avocat précise que son client aurait pris des médicaments pour "être fort, être efficace, être éveillé". L’homme se montre coopératif, sauf lorsqu’il s’agit de la question des complices. "Il dit ce qu’il a fait, tout ce qu’il a fait, mais ne dit rien sur d’éventuelles autres cellules". Anders Behring Breivik a en effet d’abord affirmé avoir agi seul, avant d’évoquer l’existence de "deux (autres) cellules en Norvège et de plusieurs cellules à l’étranger".
L’homme dit "détester tous ceux qui croient en la démocratie" et "considère qu’une guerre est en cours", a même précisé l’avocat, expliquant que son client était "surpris d’arriver à ses fins" et qu’il pensait être tué lors de la fusillade sur l’île d’Utoeya. "Il affirme que le reste du monde ne comprend pas son point de vue, mais qu’il le comprendra dans 60 ans", poursuit l’avocat. Anders Behring Breivik a reconnu les faits mais plaide non coupable. Selon la loi norvégienne, il encourt 21 ans de prison.
"Ce n'est pas un débile, très loin de là"
La folie est une hypothèse qu'écarte l'expert-psychiatre Jean-Pierre Bouchard, invité mardi d'Europe 1. "Ce n'est pas un débile, très loin de là, il est très intelligent. Ce n'est pas un sujet schizophrène qui délire avec des hallucinations, très loin de là", a-t-il argumenté, avant d'ajouter : "c'est quelqu'un qui a construit un raisonnement, déçu par tous les raisonnements politiques, et s'est isolé, s'est radicalisé".
"Pour moi, c'est quelqu'un de tout à fait responsable sur le plan pénal", a poursuivi ce spécialiste :
"Il ne serait pas étonnant que les psys norvégiens concluent la même chose et qu'il soit traduit devant la justice", a ajouté Jean-Pierre Bouchard.