La même place Tahrir. Et les mêmes scènes d’affrontements entre forces de l'ordre et manifestants. Depuis trois jours, l’Egypte est de nouveau le théâtre de heurts très violents. Le bilan diffère selon les sources mais on compterait déjà entre 24 et 33 morts. Neuf mois après la chute d’Hosni Moubarak, et à une semaine d’élections législatives cruciales, c’est la chute du pouvoir militaire que réclament les manifestants.
Parmi les victimes, un homme a péri samedi à Alexandrie, tandis que 21 personnes ont succombé au Caire, tuées par des balles réelles ou mortes d'asphyxie en raison des nombreux tirs par la police de grenades lacrymogènes, selon le responsable d'une morgue. Les accrochages les plus durs se déroulaient, eux, aux abords du ministère de l'Intérieur, cible privilégiée des manifestants et sous garde des forces anti-émeutes, près de la place Tahrir.
L'armée, cible des critiques
Les slogans des manifestants visent en particulier le maréchal Hussein Tantaoui, un cacique de l'ancien régime qui est désormais de fait à la tête du pays en sa qualité de chef du Conseil suprême des forces armées. L'armée a d’ailleurs dit "regretter" les événements actuels, appelant le gouvernement à rencontrer les forces politiques pour y mettre fin. Tout en réaffirmant s'en tenir au calendrier électoral établi. Insuffisant pour rassurer les manifestants.
La situation en Egypte est observée de près par la communauté internationale. La Ligue arabe, qui s'exprimait pour la première fois sur ces événements, a appelé lundi au calme, exhortant les acteurs politiques à travailler au "changement démocratique". La France s'est dite "vivement préoccupée" par les affrontements, appelant forces de l'ordre et manifestants à faire preuve de "responsabilité".
De leur côté, les Etats-Unis se sont dit "profondément inquiets" au sujet des violences de ces derniers jours. "Nous appelons toutes les parties à la retenue", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, indiquant qu'il était "important que l'Egypte continue à progresser" vers une transition démocratique.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon a demandé, lui, aux autorités de "garantir la protection des droits de l'homme" à tous les Égyptiens. "Il exhorte toutes les parties au calme pour permettre un processus électoral pacifique et participatif, dans le cadre de la transition de l'Egypte vers la démocratie et l'établissement rapide d'un régime civil", a ajouté le porte-parole de l'ONU, Martin Nesirky
Appel à manifester mardi
Lundi, la Coalition des jeunes de la révolution et le mouvement du 6 avril, entre autres, ont appelé sur Facebook à la tenue d'une manifestation mardi sur l'emblématique place Tahrir au Caire.