Les yeux seront tournés vers Lausanne lundi. Pour la première fois depuis des mois, tous les chefs de la diplomatie des grandes puissances (britannique, russe, chinoise, américaine, française et allemande) et de l'Iran se retrouvent autour de la même table. Ils vont tenter de trouver un accord sur le nucléaire iranien, avant l'échéance du 31 mars. Cet accord, jugé "faisable", constituerait l'aboutissement d'un an et demi de négociations acharnées à Genève, Vienne ou encore New York. Et surtout, il est fondamental pour poursuivre les négociations jusqu'à un accord final d'ici le 30 juin. L'objectif, à terme, étant de s'assurer que l'Iran ne cherchera pas à se doter de la bombe atomique, en échange d'une levée des sanctions internationales qui étranglent l'économie iranienne depuis des années.
"Parvenir à un accord est faisable". Dimanche soir, le Britannique Philip Hammond, dernier ministre arrivé à Lausanne, a dit espérer un "succès dans les heures à venir", jugeant un accord "possible". Mais à condition qu'il mette la bombe atomique "hors de portée" de l'Iran. "Parvenir à un accord est faisable. Des solutions ont été trouvées sur de nombreuses questions. Nous travaillons encore sur deux ou trois questions et nous n'avons pas encore trouvé les solutions", a, pour sa part, déclaré en écho le négociateur iranien Abbas Araghchi.
La levée des sanctions au cœur des négociations. Mais de sérieux obstacles bloquent encore sur la route d'un compromis. L'un des plus épineux concerne la levée des sanctions liées à la prolifération nucléaire, prises par l'ONU depuis 2006. Après la conclusion d'un accord, l'Iran voudrait voir levées en bloc et tout de suite ces sanctions qui asphyxient son économie. Pour les pays occidentaux, cette levée ne peut se faire que graduellement, en fonction du respect des engagements pris par l'Iran.
Le risque de pouvoir fabriquer une bombe atomique. Téhéran insiste aussi pour pouvoir faire de la recherche et du développement, notamment afin d'utiliser à terme des centrifugeuses plus modernes et plus puissantes pour enrichir l'uranium. Mais les pays occidentaux et Israël estiment que le développement de telles installations permettra à l'Iran de réduire le "breakout", c'est-à-dire le temps nécessaire afin d'avoir suffisamment d'uranium enrichi pour fabriquer une bombe atomique.
L'Iran sur la voie des compromis. D'autres points au cœur de la négociation semblent en revanche en passe de se régler, selon des sources occidentales et iraniennes. Ainsi, le nombre de centrifugeuses, que l'Iran aurait accepté de voir réduit à 6.000, alors qu'il en dispose actuellement de près de 20.000, dont la moitié sont en activité. Par ailleurs, le site souterrain de Fordo, près de la ville sainte de Qom, pourrait rester en activité, à des conditions très strictes.
En revanche, l'Iran a catégoriquement démenti avoir accepté d'exporter tout ou partie de son stock d'uranium faiblement enrichi, qui se monte à environ 8.000 tonnes. "Nous n'avons pas l'intention d'envoyer les stocks d'uranium enrichi à l'étranger. Mais il y d'autres solutions pour créer la confiance", a déclaré le négociateur Abbas Araghchi.
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