Nucléaire iranien : joie à Téhéran, craintes en Israël

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avec Martin Feneau, Christelle Bernaud, Mariam Pirzadeh et Noémi Marois , modifié à
RÉVOLUTION DIPLOMATIQUE - L'accord de principe conclu jeudi à Lausanne entre six Etats occidentaux et l'Iran a provoqué autant de liesse à Téhéran que d'inquiétude en Israël.

Liesse dans les rues de Téhéran. Difficile de croire que les manifestations de joie sont interdites à Téhéran tant les centaines de personnes qui ont envahi les rues de la capitale iranienne sont en liesse jeudi soir. La musique envahit les rues, les voitures klaxonnent et stationnent un peu partout. Des scènes inhabituelles qui saluent un événement exceptionnel : la conclusion d'un accord de principe entre les cinq membres du Conseil de sécurité de l'ONU plus l'Allemagne et l'Iran sur le programme nucléaire de Téhéran.  Pour ces citoyens de la République islamique, c'est une très bonne nouvelle, puisque l'embargo qui frappe le pays depuis 9 ans sur les exportations de pétrole devrait être levé prochainement.

"Je suis très heureux de cet accord entre l'Iran et les USA, les sanctions imposées à l'Iran ont mis la pression sur la population  et ont détérioré nos vies", se félicite un habitant de la capitale perse venu célébrer la nouvelle dans la rue. "Bravo à tout le monde, surtout aux jeunes, parce que nous nous sommes réconciliés avec les Etats-Unis", renchérit une femme. "L'Iran après cette période si longue a pu parler au monde et nous avons un ministre (Mohamed Zarif, des Affaires Etrangères, NDLR) qui a pu porter ce message", souligne un autre Téhéranais.

"Un grand soulagement." Contacté par Europe 1, un ressortissant français vivant dans la capitale iranienne explique que cette nouvelle a provoqué "un soulagement" au sein de la population qui "est heureuse". "Ils sont contents que cet accord soit obtenu, ils se sentaient isolés, un certain malaise régnait car ils se sentaient montrés du doigt. On pense qu'au niveau de l'image du pays ce sera beaucoup plus positif, les sanctions avaient amené une détérioration des conditions de vie, tous les produits étaient plus chers. Je pense que tout ça va changer, et surtout que la société iranienne, qui avait beaucoup de problème à s'intégrer dans le commerce international à cause des sanctions monétaires, va pouvoir s'épanouir. C'est pour ça qu'on sent un grand soulagement et que les gens sont heureux", conclut ce Français. 

Israël réclame sa reconnaissance par l'Iran. La réaction est, logiquement, bien plus sombre du côté israélien. Dans la nuit de jeudi à vendredi, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a manifesté son désaccord par téléphone auprès de Barack Obama. Mais entre les deux hommes, c'est comme un dialogue de sourd : "cet accord menace la sécurité d'Israël", a martelé le chef du gouvernement israélien. Pour lui, Téhéran veut la bombe et tente de gagner du temps en signant cet accord. C'est pourquoi Jérusalem se réserve le droit de frapper l'Iran, a prévenu Netanyahou. 

Vendredi, le gouvernement israélien a maintenu la pression. Après avoir consulté ses principaux ministres, Benjamin Netanyahou a déclaré qu'""Israël exige que tout accord final avec l'Iran inclue une reconnaissance iranienne claire et sans ambiguïté du droit à l'existence d'Israël". Une reconnaissance plus qu'aléatoire de la part d'un pays qui a fait de la négation d'Israël un de ces principes de base. Les appels à la destruction de l'état hébreu font en effet  partie de la rhétorique du régime de Téhéran. Si les cartes semblent rebattues au Moyen-Orient, les tensions, elles, restent vives. 

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