Deux jours après la date butoir du 31 mars, Frederica Mogherini, Haute représentante de l'Union européenne, et Mohammad Javad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères, ont annoncé avoir "atteint des solutions sur des paramètres-clé" d'un accord sur le nucléaire iranien. "Nous pouvons maintenant commencer à écrire le texte et les annexes" d'un accord définitif, ont-ils ajouté. Les diplomates de sept pays étaient réunis à Lausanne pour finaliser un texte qui doit mettre fin à 14 ans de sanctions contre Téhéran, suspecté de vouloir acquérir la bombe nucléaire.
Le contenu de l'accord. A l'issue de cette journée historique, de nombreux détails restent encore à finaliser sur l'accord qui devra être signé d'ici le 30 juin. Mais on a déjà une idée de ses grandes lignes. Selon les premiers éléments divulgués, la capacité d'enrichissement d'uranium de l'Iran devra être réduite et seules 6.000 centrifugeuses (sur 19.000 actuellement) pourront rester en activité. Par ailleurs, la capacité de stockage de matériel radioactif sera également largement réduite.
Les informations sur la durée de l'accord et des vérifications imposées à Téhéran ont varié dans les minutes qui ont suivi l'annonce. On ignore encore s'il s'agit de 10, 15 ou 25 ans, comme cela a pu être dit.
Le ministre et la diplomate ont confirmé la levée des sanctions qui pèsent sur l'Iran depuis 2006, si l'Iran respectait ses engagements.
Selon le président américain Barack Obama, l'accord-cadre "coupe toutes les voies que l'Iran pourrait prendre pour développer l'arme nucléaire". Mais si Téhéran ne respecte pas ses engagements, les dirigeants internationaux ont assuré que les sanctions pourront être rétablies.
Des réactions prudentes. Parmi les membres du groupe 5+1, qui réunit Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France et Allemagne, l'engouement est mesuré. Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères présent aux dernières négociations, a parlé d'un "accord d'étape" mais a indiqué qu'il restait "encore du travail". La France "veillera" à ce que les modalités de mise en oeuvre de l'accord sur le nucléaire iranien aboutissent "à un accord vérifiable et crédible", avertissant que les sanctions pourront être "rétablies si l'accord n'est pas appliqué", a par ailleurs indiqué l'Elysée.
Le président américain Barack Obama a lui déclaré que l'accord-cadre "respectait nos objectifs principaux" et qu'il s'agissait "d'un bon accord". Mais il a tenu à rappeler que l'accord final restait à signer. "Rien n'est conclu tant que tout n'est pas conclu", a indiqué Barack Obama, laissant ainsi entendre que les discussions des semaines à venir seraient difficiles. Le ministère allemand des Affaires étrangères a, lui, salué une journée historique sur Twitter.
De son côté, le Premier ministre israélien, resté hors des discussions et inquiet de la signature d'un accord avec son ennemi iranien, a d'ores et déjà réagi : se réjouir serait "détaché de la triste réalité", juge Israël, qui veut continuer à faire pression contre un "mauvais" accord final.
L'accord définitif nécessite beaucoup d'étapes. L'accord définitif est encore loin d'être signé, ont tenu à rappeler les diplomates occidentaux. En effet, le groupe des 5+1 ainsi que l'Iran ont encore jusqu'au 30 juin pour s'entendre sur les détails techniques.
Par ailleurs, le Congrès américain dirigé par les opposants républicains à Barack Obama doit également donner son accord. Cet accord devra également être entériné par le Conseil de sécurité de l'ONU. Ses cinq membres permanents font partie du groupe 5+1 qui a mené les discussions avec Téhéran.
Initialement, les négociateurs et diplomates devaient s'entendre sur les points-clés d'un accord d'ici le 30 mars. Mais les discussions ont continué pendant près de 48 heures, car quelques détails importants restaient à clarifier, comme la durée de l'accord ou encore la levée des sanctions.
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