Une "entente historique". Barack Obama ne s'est pas trompé en utilisant ce terme pour qualifier l'accord-cadre sur le nucléaire iranien qui a été passé jeudi soir à Lausanne entre Téhéran et le groupe 5+1 (les 5 membres du Conseil de Sécurité de l'ONU plus l'Allemagne). Et pour cause, la signature de ce texte, marque un premier pas important vers le réchauffement des relations entre Washington et Téhéran, 35 ans après la rupture des relations diplomatiques provoquée par l'attaque de l'ambassade américaine dans la capitale iranienne. Avec ce rapprochement, c'est toute la tectonique des plaques de l'équilibre géopolitique de la région qui pourrait bouger.
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• Israël isolé ?
Il a été l'un des premiers à réagir à cet accord-cadre. Depuis jeudi soir, Benyamin Netanyahou enchaîne les déclarations alarmistes. Au téléphone avec Barack Obama, le Premier ministre israélien a affirmé que le texte "menaçait la survie d'Israël". Son porte-parole a pour sa part expliqué que l'accord "faisait un pas dans une direction très très dangereuse". Et pour cause, Israël a toujours compté sur sa relation très solide avec Washington pour garantir sa sécurité dans la région. Ce revirement diplomatique confirme la nouvelle stratégie des Etats-Unis, qui semblent se détourner de ses alliés traditionnels, l'Arabie Saoudite et Israël, au profit de l'Iran.
• Un tournant dans l'affrontement chiites/sunnites ?
Le Yémen cristallise les tensions entre les deux principaux courants de l'Islam, le sunnismet et le chiisme. Dans ce pays du Golfe persique, les milices houthistes (chiites), proches de Téhéran ont pris le pouvoir des mains d'Abd Rabbo Mansour Hadi, le président sunnite. Une guerre civile qui a poussé l'Arabie Saoudite à déclencher l'opération "Tempête décisive" dans ce pays frontalier, mobilisant 150.000 hommes et 100 avions de combat. Le tout avec l'appui en logistique et en renseignement … des Etats-Unis, son allié historique. Mais, comme l'explique Orient XXI sur son site, pour la première fois Ryad n'aurait pas attendu l'aval de Washington et aurait mis les Etats-Unis devant le fait accompli. Un changement de taille dans les relations entre les deux pays. Maintenant que la Maison Blanche semble se rapprocher de l'Iran, l'armée américaine continuera-t-elle à soutenir l'opération saoudienne ? Plus globalement, c'est le rapport de force entre chiites et sunnites dans toute la région qui pourrait être impacté.
• Un nouvel allié pour la coalition engagée contre l'organisation de l'Etat islamique (EI) ?
Militairement, ce rapprochement pourrait aussi avoir une conséquence sur le terrain, dans la lutte contre l'EI. L'exemple de la bataille de Tikrit, en Irak, qui s'est achevée récemment, est assez parlant. Des milices chiites, soutenues par Téhéran, combattaient aux côtés de l'armée régulière irakienne contre les djihadistes. Mais ils ont dû se retirer des combats, car la coalition internationale refusait alors d'appuyer l'offensive par des frappes aériennes si des miliciens soutenus par Téhéran se trouvaient sur place. Aujourd'hui, la donne a changé et il semblerait plus légitime de voir les chiites et l'armée de l'air américaine combattre ensemble contre l'EI. C'est l'une des conséquences positives d'un rapprochement américain vis-à-vis de l'Iran, qui pourrait désormais être considéré comme un allié contre l'EI avant d'être perçu comme une menace.
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