La décision. Un deuxième maïs OGM devrait bientôt être cultivé, après le MON810 de Monsanto. Le maïs TC1507 du groupe américain Pionner devrait bientôt être autorisé à la culture dans l'UE malgré l'opposition de 19 pays, dont la France. "Il n'y a pas de majorité qualifiée" contre cette autorisation de culture, a annoncé la présidence grecque de l'UE à l'issue d'un débat public entre les ministres des Affaires européennes à Bruxelles. Résultat : la décision revient à la Commission européenne, qui s'est déjà prononcée en faveur de la culture de la céréale controversée.
L'Allemagne bloque le blocage. Pour interdire la culture de cet OGM il aurait fallu dégager une "majorité qualifiée" au sein du Conseil européen mais l'Allemagne, en choisissant de s'abstenir, a fait capoter ce projet souhaité par Paris. "Le gouvernement (allemand) a décidé de s'abstenir lors du vote sur l'autorisation de ce maïs OGM TC1507. C'est la procédure habituelle quand il y a des avis divergents entre les ministères au sein du gouvernement sur un dossier ou sur un sujet", avait expliqué le porte-parole du gouvernement d'Angela Merkel, Steffen Seibert, le 5 février.
Lors d'une réunion des représentants des 28 États membres de l'UE mercredi à Bruxelles, à laquelle l'Allemagne n'a pas participé, les Etats opposés à la culture du maïs TC1507, dont la France, l'Italie et la Pologne, ont rassemblé 176 voix. Les abstentions de l'Allemagne (29 voix), de la Belgique (12 voix), du Portugal (12 voix) et de la République Tchèque (12 voix) ont manqué pour atteindre la majorité de 260 voix, selon le décompte fait par le Conseil. Cinq pays ont voté pour la culture du maïs OGM : Espagne, Royaume-Uni, Suède, Finlande et Estonie. Le Parlement européen avait, lui, appelé au rejet de la demande d'autorisation, par 385 voix contre 201 et 35 abstentions.
Et maintenant ? Le commissaire européen à la Santé Tonio Borg avait été très clair dès l'ouverture du débat. "Si vous ne votez pas contre, alors vous êtes pour", a-t-il expliqué. "Ce sont les règles, je ne les ai pas inventées", s'est-il défendu en expliquant que la Commission allait donner l'autorisation de cultiver le mais OGM, car elle est obligée de le faire. "A quelques semaines des européennes, donner cette autorisation sera extrêmement périlleux pour l'image de l'UE", a pour sa part averti le ministre français, Thierry Repentin. "C'est la pire des décisions au pire des moments", a renchéri son homologue hongroise. "Nous avons une majorité claire contre cette autorisation. Passer outre va favoriser la montée de l'extrême droite", a-t-elle souligné.
Quatre OGM ont déjà obtenu une autorisation de culture dans l'UE, mais un seul est encore cultivé dans quelques États, le maïs MON810 du groupe américain Monsanto, qui a demandé le renouvellement de cette autorisation. Les autres, deux maïs (BT176 et T25) et la pomme de terre Amflora, ont été abandonnés. La riposte à l'autorisation de culture donnée pour le TC1507 sera l'adoption de clauses de sauvegarde par les Etats, comme celles adoptées en 2008 pour interdire sa culture en France, en Autriche, en Hongrie, en Grèce, en Roumanie, en Bulgarie et au Luxembourg.