Des applaudissements nourris à l’ONU et des rassemblements de milliers de personnes en Cisjordanie, pour une démarche historique. Mahmoud Abbas a déposé vendredi après-midi devant les Nations-Unies une demande officielle de reconnaissance d'un Etat palestinien "sur la base des lignes du 4 juin 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale".
"Nous ne cherchons pas à isoler Israël"
Dans le discours qui a suivi, le président de l’Autorité palestinienne a exhorté vendredi les Israéliens à "venir en paix". "Nous ne cherchons pas à isoler ni délégitimer Israël", s’est défendu Mahmoud Abbas. Mais "tous les efforts et tentatives des parties internationales ont été sapés par les positions du gouvernement israélien qui ont ruiné les espoirs nés de la reprise des négociations en septembre dernier", a-t-il déclaré à la tribune.
Principal grief pointé par le leader palestinien : la colonisation israélienne qui est "en train de détruire" une solution à deux Etats, a-t-il expliqué. "Cette politique est en train de détruire les chances d'une solution à deux Etats qui fait l'objet d'un consensus international et je mets en garde : cette politique de colonisation menace aussi la structure, voire l'existence de l'Autorité palestinienne", a-t-il encore dit.
Un discours "sans substance" pour le Hamas
Dans les territoires palestiniens, le discours, retransmis sur de grands écrans dans les principales villes de Cisjordanie, a été acclamé par des dizaines de milliers de personnes. "Par notre âme, par notre sang, nous te défendrons, Palestine", ont scandé les foules à la fin du discours du président palestinien.
Le Hamas s'est lui montré beaucoup moins enthousiaste. "Le discours d'Abbas a été un discours émotif qui, s'il est parvenu à présenter la souffrance des Palestiniens, n'a pas montré les moyens de faire face à l'occupation (israélienne)", a déclaré le porte-parole du mouvement islamiste palestinien, Sami Abou Zouhri. "En liant la demande d'admission à l'ONU à la négociation avec l'occupant (israélien), Abbas a accompli un acte sans substance."
Israël "regrette" la demande d'adhésion
La réaction israélienne n’a elle non plus pas tardé. Israël a déclaré "regretter" la demande d'adhésion à l'ONU d'un Etat de Palestine. "La seule voie menant à un Etat palestinien passe par des négociations", a déclaré Gidi Shmerling, porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahou. Ce dernier a tout de même proposé à Mahmoud Abbas une rencontre imprévue le soir-même dans les locaux des Nations Unies.
Pour une reprise des négociations
Moins de quatre heures après le discours de Mahmoud Abbas, le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, UE, ONU) proposait une reprise des négociations de paix avec l'objectif d'aboutir à un accord fin 2012. Selon la déclaration, les deux parties se rencontreraient une première fois dans un mois pour établir "un calendrier et une méthode de négociations", une exigence répétée des responsables palestiniens. Un engagement d'aboutir à un accord définitif fin 2012 "au plus tard" serait pris lors de cette même réunion "préparatoire", selon le texte.
Le Quartette demande aux parties de présenter "des propositions complètes d'ici trois mois sur la sécurité et le territoire et d'avoir fait des progrès substantiels en six mois".