Il veut reprendre les choses en mains. Barack Obama a attaqué les banques frontalement jeudi en annonçant son intention d'inscrire dans la loi des mesures limitant leur taille et leurs activités afin de mettre fin aux excès ayant mené à la crise.
Si les banques et leurs groupes d'influence "veulent se battre, je suis prêt", a-t-il dit, en annonçant le projet d'interdire à toute banque collectant de l'épargne et des dépôts de spéculer sur les marchés pour son propre compte. Ce plan encore vague prévoit aussi de limiter la taille des établissements financiers en imposant une limite à leur passif pour empêcher la concentration du secteur et la formation de colosses aux pieds d'argiles présentant une menace potentielle pour l'ensemble de l'économie.
Le projet de Barack Obama ne marque pas un retour complet à la barrière entre banque d'investissement et banque de dépôt instituée par le Glass-Steagall Act, la loi bancaire votée après la crise de 1929, mais cherche à restituer quelques garde-fous. Cette loi a été abolie en 1999 sous le président Bill Clinton pour permettre la naissance de Citigroup et a entraîné la généralisation de pratiques à l'origine de la crise financière actuelle dont ce titan a été l'une des principales victimes
Pour le président américain, il s'agit d'en finir avec le comportement des banques qui font comme si la crise n'avait pas eu lieu. Le système financier "fonctionne exactement selon les mêmes règles qui l'ont mené au bord de l'effondrement (...). Ma détermination à réformer le système n'est que plus forte quand je vois le retour aux vieilles méthodes", a-t-il ajouté, s'en prenant à l'"irresponsabilité" des banques.
Ces propositions devront recevoir l'aval du Congrès, où elles pourraient trouver de l'écho au-delà de son propre camp. Son adversaire à la présidentielle, le sénateur John McCain passe par exemple pour être favorable à un retour au Glass-Steagall. Le Business Roundtable, syndicat patronal de la finance, a attaqué le projet, affirmant qu'il était de nature à affaiblir le système financier et à "limiter la capacité" des banques à créer des emplois.
Ce projet n'a pas affolé Wall Street : les grandes banques ont promis de tout faire pour empêcher son passage au Congrès et, en tout état de cause, la taxe ouvrirait droit à des déductions d'impôts permettant aux banques de reprendre d'une main une partie de ce qu'elles donnent de l'autre. Cette fois la pugnacité affichée par le président semble avoir eu plus d'effet. L'indice phare de la Bourse de New York a plongé de 2,06% jeudi, tiré par les banques, dont certaines ont clôturé en baisse de plus de 6%.