L'INFO. C'est un geste d'amitié historique entre ces deux pays "ennemis". En marge de la cérémonie d'hommage à Nelson Mandela, Barack Obama et Raul Castro ont échangé une poignée de mains. "Obama salue Raul : que cette image soit le début de la fin des agressions des Etats-Unis contre Cuba", a réagi dans la foulée le site officiel cubain. La poignée de mains Castro-Obama n'était "pas programmée", a certifié de son côté la Maison Blanche, mardi en début de soirée. Pas si simple...
>>> Retour sur cette poignée de main, la première en public depuis un demi-siècle.
Une longue poignée de mains. Il est 12h26 très précisément. La cérémonie en l'honneur de Nelson Mandela, qui a pris beaucoup de retard, attend son invité de marque : le président américain, Barack Obama. A son arrivée au stade, le locataire de la Maison-Blanche, accompagnée par Michelle, est ovationné par les spectateurs de Soccer City, venus rendre un dernier hommage au héros de la lutte contre l'apartheid. Le discours du président américain est très attendu. Alors qu'il se dirige vers le podium où de nombreux homologues sont présents, Barack Obama s'arrête au niveau de Raul Castro et lui tend la main. Le président cubain lui retourne ce geste de politesse avec des sourires non dissimulés. Les deux hommes échangent même quelques mots avant que le président américain ne donne l'accolade à Dilma Roussef, la présidente du Brésil.
C'est la surprise sur CNN ! Pour les commentateurs de cette cérémonie, diffusée dans le monde entier, la surprise est totale. En effet, les deux pays ont rompu leurs relations diplomatiques officielles en 1961. Sur la chaîne américaine, le présentateur de la cérémonie est en train de parler de la sécurité de cette enceinte de Soccer City lorsqu'il est interrompu par la célèbre présentatrice de CNN, Christiane Amanpour : "Castro ! Il serre la main de Castro !". Le co-animateur de CNN reprend solennellement dans la foulée : "le président Obama vient d'échanger une poignée de mains avec Raul Castro !". "C'est un moment de réconciliation pour Mandela. Obama joue la carte diplomatique. Il ne va pas passer à côté et ignorer ces gens qui sont là", décrypte à chaud la journaliste de la chaîne américaine.
Regardez cette poignée de mains (CNN) :
>>> Mais est-ce vraiment la première poignée de mains entre les deux chefs d'Etat ?
Non. En 2000, Bill Clinton, qui était président des Etats-Unis, avait déjà serré la main de Fidel Castro et de son frère Raul aux Nations unies. Mais la rencontre était restée très discrète… Jimmy Carter, ex-locataire de la Maison-Blanche, s'était lui rendu à Cuba en 2002 et avait rencontré Fidel Castro. Il s'agissait du premier voyage en terre cubaine d'un ancien président américain depuis 1959.
>>> Quelle est la portée de cette poignée de mains appuyée et en public ? Nicole Bacharan, spécialiste des Etats-Unis et consultante pour Europe 1, décrypte ce geste fort entre les Etats-Unis et Cuba.
Peut-on dire selon vous qu'Obama avait prévu de serrer la main de Castro ?
La Maison-Blanche et Obama savaient qui seraient présents à cette cérémonie et que les chefs d'Etats seraient amenés à se croiser dans cette rangée. Visiblement, il était préparé à ce geste dans un esprit qu'il a décrit au sujet de Mandela : celui d'un compromis, d'une réconciliation qui ressemble beaucoup à ce que recherche Obama dans le monde.
Cette poignée de mains, ce n'est donc pas un simple hasard selon vous ?
On a vu Obama aller volontairement vers Castro, se pencher vers lui, lui serrer la main. Donc il voulait le faire et il voulait que ça se voit. Depuis l'arrivée de Fidel Castro au pouvoir, une telle image n'avait pas eu lieu et n'aurait pas été possible. Mais les relations entre Cuba et les Etats-Unis se sont pas mal détendues depuis l'arrivée de Raul Castro et de Barack Obama. Les transferts d'argent sont plus faciles, les communications téléphoniques sont plus aisées et il y a des avancées sur le plan de la liberté économique… Il y a donc un petit dégel qui est symbolisé par cette poignée de mains. Mais c'est une petite étape dans un long chemin.
Et pourquoi maintenant ?
Obama n'a plus tellement de temps devant lui. Il avait commencé sa présidence avec une volonté de main tendue, d'ouverture. Il espère parvenir à un accord signifiant en Iran. Et il espère, avec le vieil ennemi cubain, pouvoir faire avancer les choses. S'il y avait un lieu et un moment pour donner un signal, c'était bien à ce moment en Afrique du Sud.
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