Un entretien pour l'Histoire. "A l'instant, je viens de parler avec le président iranien Rohani", a déclaré Barack Obama lors d'une intervention à la Maison Blanche, vendredi. Les présidents américain et iranien se sont entretenus au téléphone, un contact sans précédent à ce niveau entre les États-Unis et l'Iran depuis la révolution islamique de 1979. L'entretien téléphonique a eu lieu alors que Hassan Rohani "était en route pour l'aéroport pour quitter New York". Il achevait cinq jours de visite à l'occasion de l'assemblée générale des Nations unies.
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Ce qu'ils ce sont dits. "Nous avons discuté de nos tentatives en cours de parvenir à un accord sur le programme nucléaire iranien", a précisé le dirigeant américain. Les deux présidents "ont insisté sur la volonté politique de résoudre rapidement la question nucléaire et de préparer la voie pour résoudre d'autres questions ainsi que de coopérer sur les affaires régionales", a annoncé le site internet de la présidence à Téhéran. Selon le site, les deux présidents se sont aussi mis d'accord pour confier à leurs chefs de la diplomatie - le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif et le secrétaire d'Etat américain John Kerry - la mission de préparer "dès que possible" les conditions pour une "coopération nécessaire".
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Rohani dégaine le premier... sur twitter. Selon un haut responsable américain s'exprimant sous couvert de l'anonymat, c'est Hassan Rohani qui a demandé à parler à Barack bama avant de quitter les Etats-Unis. De même source, tous deux ont discuté via des interprètes mais se sont souhaité au revoir en farsi pour Barack Obama et en anglais pour Hassan Rohani. C'est le dirigeant iranien qui s'est exprimé le premier, sur Twitter, tandis que son homologue préparait son annonce devant la presse.
In phone convo, President #Rouhani and President @BarackObama expressed their mutual political #will to rapidly solve the #nuclear issue.— Hassan Rouhani (@HassanRouhani) September 27, 2013
Pourquoi avoir attendu tout ce temps. Les États-Unis et l'Iran ont coupé toute relation diplomatique depuis 1979 et la prise d'otage de l'ambassade américaine à Téhéran. Le 4 novembre de cette année, peu après la révolution islamique, pas vraiment appréciée des Américains, des militants étudiants iraniens ont envahi l'ambassade des États-Unis à Téhéran, avec le soutien de l'ayatollah Khomeini. Aujourd'hui, les deux pays s'écharpent sur la question du nucléaire. Les États-Unis et leurs alliés soupçonnent en effet la république islamique de vouloir se doter d'une bombe nucléaire sous couvert d'un programme civil, ce que l'Iran dément. "Le simple fait que (cet appel) était le premier contact entre des présidents américain et iranien depuis 1979 illustre la profonde méfiance régnant entre nos deux pays", a commenté Barack Obama. Avant d'ajouter : mais cette conversation "montre aussi une possibilité de surmonter cette histoire difficile".
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Pas du goût d’Israël. A la tribune de l'ONU, en entretien face à ses homologues, sur les plateaux de télévision ou sur Twitter, le nouveau président iranien Hassan Rohani a, pendant une semaine à New York, multiplié les gestes de bonne volonté, affichant sa volonté de dialogue. Il a aussi condamné "le massacre des juifs par les nazis", prenant le contre-pied de Mahmoud Ahmadinejad, qui avait nié l'Holocauste à la tribune des Nations unies, tout en ajoutant que ce "crime" ne justifiait pas "l'occupation" israélienne, également "condamnable". Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, attendu lundi à la Maison Blanche, a d'ailleurs accusé Hassan Rohani de chercher à "gagner du temps" pour progresser dans le programme nucléaire.